Dans l’anatomie humaine, l’acromion est une apophyse, une saillie de l’angle externe de la scapula (anciennement dénommée omoplate). Avec la coracoïde, il s’étend latéralement sur l’articulation de l’épaule. L’acromion fusionne avec l’épine scapulaire entre 17 et 25 ans. Il s’articule avec la clavicule pour former l’articulation acromio-claviculaire. Le syndrome du conflit sous-acromial survient lorsque les tendons des muscles passent sous l’acromion. Cela peut entraîner des douleurs, une faiblesse et une perte de mouvement à l’épaule.
Sommaire
Quelle est la structure de l’acromion ?
L’acromion forme le sommet de l’épaule et est un os large, quelque peu triangulaire ou oblong, aplati de derrière en avant, faisant saillie d’abord latéralement, puis se courbant vers l’avant et vers le haut, de manière à dépasser la cavité glénoïde.
Sa surface supérieure est convexe, rugueuse et est attaché à certaines fibres du deltoïde par le reste de son étendue sous-cutanée. Sa surface inférieure est lisse et concave.
Sa bordure latérale est épaisse et irrégulière et présente trois ou quatre tubercules pour les origines tendineuses du deltoïde. Son bord médial, plus court que le bord latéral, est concave. Il s’attache à une partie du trapèze et présente autour de son centre une petite surface ovale permettant une articulation avec l’extrémité acromiale de la clavicule.
Quelle est sa physiologie ?
L’articulation acromio-claviculaire est une partie importante de l’épaule qui forme une articulation entre l’acromion et la clavicule. Il s’agit d’une articulation synoviale plane qui maintient la scapula et la clavicule ensemble tout en permettant à la scapula de glisser dans de nombreuses directions par rapport au reste du corps. Le mouvement de la scapula au niveau de l’articulation augmente considérablement la mobilité du bras, en particulier lorsqu’on soulève le bras vers la tête.
Deux muscles majeurs, le deltoïde et le trapèze, s’attachent à l’acromion. Le deltoïde, qui lève le bras au niveau de l’épaule, trouve son origine dans l’acromion, l’épine de la scapula et la clavicule. De ces origines, il traverse l’articulation de l’épaule et s’insère dans la tubérosité deltoïde de l’humérus.
Le muscle trapèze provient des apophyses épineuses des vertèbres cervicales et thoraciques et des inserts sur l’acromion et l’épine de la scapula. La contraction du trapèze fait tourner et rétracter la scapula ou peut aider à stabiliser sa position.
Formation et variations de forme
Durant l’enfance, l’acromion est au stade de cartilage. Il s’ossifie peu à peu avec l’âge. Cette apophyse possède jusqu’à trois centres d’ossification qui fusionnent entre eux, puis avec la base de l’épine scapulaire. Lorsque le processus d’ossification se déroule bien, l’acromion devient, entre 17 et 25 ans, un os ferme et dur qui se présente comme le prolongement de cette épine. Toutefois, les défauts d’ossification de l’acromion peuvent résulter en un acromion bipartite.
En termes de variations, trois différentes morphologies acromiales ont été décrites :
- acromion de type I – a une surface inférieure plate et un faible risque de conflit,
- le type II – a forme légèrement incurvée,
- le type III – a une surface inférieure fortement accrochée souvent associée à une maladie sous-acromiale.
Jointures
- Le rattachement au muscle trapèze est fait grâce au bord médial de l’apophyse scapulaire.
- Les fibres intermédiaires du muscle deltoïde proviennent de la bordure latérale de cette apophyse. La pointe de l’acromion relie le ligament coracoacromial.
- L’acromion et le ligament acromio-coracoïdien forment l’arc coraco-acromial.
- La zone située entre la tête humérale latérale supérieure et l’arc coracoacromial est appelée sortie du sus-épineux. Il est également le site de bursite et de tendinite.
- Les deux tiers latéraux et postérieurs du muscle deltoïde sont attachés à ce site.
- Le muscle deltoïde présente une amélioration mécanique importante tout en élevant le bras par l’étendue latérale de l’apophyse.
Acromion bipartite ou os acromial : du pareil au même ?
L’acromion bipartite et l’os acromial sont deux différentes appellations qui désignent une absence de fusion ou une fusion incomplète entre au moins deux des points d’ossification de cette apophyse. Cela provoque l’indépendance d’un fragment épiphysaire.
Pour mieux décrire l’os acromial, il faut comprendre les points d’ossification. Il s’agit notamment du :
- Pré-acromion – la section antérieure de l’acromion ;
- Méso-acromion – la partie centrale ;
- Méta-acromion – la moitié postérieure ;
- Basi-acromion – la jonction entre l’acromion et la colonne vertébrale.
En général, le défaut de fusion se produit entre le méso-acromion et le méta-acromion. Des auteurs contemporains comme Hunt et Edelson l’ont montré respectivement en 2007 et en 1993. Moins souvent, la séparation peut avoir lieu entre le pré-acromion et le méso-acromion : on parle alors d’os acromial terminal. De façon exceptionnelle, l’absence de fusion s’observe aussi entre le basi-acromion et le méta-acromion.
Origine de l’os acromial
Deux hypothèses coexistent au sujet de l’origine de l’os acromial. La première indique cette anomalie a une origine génétique. Des études montrent que des personnes de race noire en seraient plus sujettes que les populations européennes par exemple.
Selon la seconde hypothèse, l’os acromial résulte d’un stress mécanique subi en raison de pratiques sportives ou de gestes agressifs. Cette considération est prouvée, entre autres, par des études portant sur des archers des 15ème et 16ème siècles et par des investigations sur de jeunes joueurs de baseball en 2012.
Comment l’os acromial est-il diagnostiqué et traité ?
Le diagnostic se fait souvent par imagerie médicale : IRM, scanner, radio. Cette anomalie provoque en grande partie une mobilité partielle des deux parties osseuses. Il n’y a pas de douleur, ni de risque d’évolution pouvant gêner le fonctionnement de l’épaule. Rarement, une douleur post-traumatique se localise sur cette région mobile.
Pour combattre efficacement les douleurs de l’os acromial, les spécialistes de l’épaule conseillent le repos ou fournissent un traitement local voire une infiltration sous radioguidage. En dernier recours, est pratiquée une chirurgie de fixation lorsque les douleurs persistent.
Fracture : description et traitement
Description
En général, une fracture se produit à la jonction de la colonne vertébrale et de l’acromion. Elle est généralement verticale et liée à un faible déplacement. Son déclenchement s’observe souvent après un impact direct sur l’épaule, mais peut occasionnellement être le résultat d’un déplacement supérieur de l’articulation gléno-humérale.
Parce qu’elles sont peu douloureuses et quasiment sans impact fonctionnelle, les fractures post-opératoires (après mise en place de prothèses totales inversées par exemple) se diagnostiquent de façon fortuite, grâce à l’imagerie médicale. Une fracture de l’acromion n’est pas semblable à un os acromial. Ce dernier a des frontières sclérosées et bien cortiquées et s’avère souvent bilatéral. Ce qui n’est pas le cas de la fracture.
Lorsqu’il est fracturé, le fragment acromial bascule souvent en avant et en bas sous la pression conjuguée du ligament coraco-acromial et du deltoïde. Cela désorganise la voûte acromioclaviculaire.
Comment se traite la fracture de cette apophyse ?
Lorsqu’elle n’est pas déplacée, la fracture de l’acromion se traite grâce à des techniques orthopédiques. Par contre, quand elle est déplacée, les spécialistes ont recours à l’ostéosynthèse. Cette intervention se fait à l’aide d’un vissage compressif ou d’un brochage haubanage. En plus d’être un traitement efficace, elle permet d’éviter un éventuel conflit sous acromial due à une consolidation en position inappropriée.
Jadis massivement pratiquée, l’acromiectomie est à l’abandon car responsable de l’effacement du relief latéral de l’épaule ainsi que de la baisse de la force du deltoïde. La résection se fait uniquement sur un petit fragment.
Non traitée, une fracture peut induire des complications. C’est le cas du conflit post-traumatique et de la pseudarthrose due à l’interposition de tissus mous.
Importance et délicatesse de l’arcade coraco-acromiale
De l’arrière vers l’avant, l’acromion, le ligament coraco-acromial et le processus coracoïde forment l’arcade coraco-acromiale. Sous cette dernière, se trouvent (de bas en haut) :
- le chef long du biceps brachial,
- les tendons des muscles supra-épineux,
- les bourses subdeltoïdiennes et subacromiales.
Tout facteur visant à réduire l’espace situé sous l’arcade corano-acromiale aura une incidence sur le fonctionnement de l’épaule. Il peut induire un conflit sous-acromial, des douleurs , voire un syndrome.
Quid du syndrome du conflit sous acromial ?
Fréquente cause de douleur à l’épaule, le conflit sous-acromial se produit lorsqu’il y a antagonisme entre bourses, tendons et d’autres structures de l’épaule. Il se traduit souvent par la diminution et même la perte du mouvement de l’épaule atteinte. Le tennis, la natation, la musculation, l’haltérophilie et bien d’autres sports sollicitant intensément l’épaule peuvent occasionner le syndrome du conflit sous acromial.
Le montage automobile, la peinture, l’usage d’une ponceuse girafe et bien d’autres activités professionnelles pratiquées « bras en l’air » constituent des facteurs de déclenchement de ce syndrome. C’est même l’une des raisons pour lesquelles Ford a choisi d’équiper ses ouvriers du gilet EksoVest.
Parmi les autres causes, figurent :
- les variations de forme de l’acromion,
- les épines arthrosiques sur l’articulation acromio-claviculaire,
- les épis sous-acromiaux,
- le mouvement supérieur de l’humérus consécutif à la perte de fonction des muscles de la coiffe des rotateurs.
L’arrêt des activités douloureuses, la mise au repos total de l’épaule et les traitements physiques sont les plus recommandés. Lorsqu’ils échouent et que les douleurs persistent, alors d’autres voies (notamment la chirurgie) sont explorées.
Sources :
http://amdts.free.fr/pps/2014/os_acromial.pdf
http://amdts.free.fr/pps/2013/Acromioclaviculaire.pdf
Os acromial : de l’anatomie à la pathologie J. Parier, G. Nourissat, B. Montalvan, C. Radier, Communication Sims opus XLIII 1 2016
http://www.em-consulte.com/article/814242/article/os-acromial-une-source-de-douleur-scapulaire-a-ne-
https://my.clevelandclinic.org/health/diseases/7079-impingement-syndrome-of-the-shoulder
https://www.nhs.uk/conditions/shoulder-impingement-syndrome/
https://www.webmd.com/arthritis/impingement-syndrome#1
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