Reconnu par la communauté médicale comme un véritable trouble, le TDA/H (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) a fait l’objet de nombreuses controverses, notamment en France. Mal du siècle résultant d’une éducation trop laxiste, trouble touchant essentiellement les enfants, passons en revue quelques-uns des préjugés qui ont la vie dure.
Sommaire
Pour qu’un enfant soit diagnostiqué TDA/H, il doit forcément être agité
Facilement observable par l’entourage, l’hyperactivité fait partie des motifs de consultation les plus fréquents. Elle n’est cependant qu’une composante symptomatique du TDAH, avec l’inattention et l’impulsivité. Si ces trois sous-types de symptômes ont tendance à coexister, ils se manifestent à des intensités variées chez chaque enfant. On peut ainsi distinguer :
- La prédominance du sous-type « inattention » (TDA)
- La prédominance du sous-type « hyperactivité – impulsivité » (TDAH)
Moins médiatisé et moins facilement détectable, le trouble déficitaire de l’attention sans hyperactivité est tout aussi fréquent. L’enfant est qualifié de rêveur, paresseux, voire de mauvaise volonté.
Tout enfant inattentif présente un TDA
Certains enfants sont plus rêveurs que d’autres, sans pour autant qu’il s’agisse d’une maladie. L’attention est un acte dirigé et volontaire qui mobilise donc des ressources cognitives. Focaliser son attention sur une tâche particulière implique de faire abstraction de tout ce qui se passe autour de soi, mais aussi des pensées qui nous assaillent.
Si le niveau de concentration varie au cours de la journée, il est également influencé par notre humeur. Des difficultés attentionnelles peuvent ainsi trouver leur origine dans un trouble psychologique comme la dépression ou être provoquées par l’anxiété.
Seul un bilan médical approfondi incluant des tests neuropsychologiques permettront d’établir un diagnostic précis. À contrario, ce n’est pas parce que l’enfant parvient à rester concentré sur ses jeux vidéo pendant de nombreuses heures qu’il ne souffre pas d’un trouble attentionnel. Si les symptômes ont tendance à diminuer lorsque les enfants sont captivés par l’écran, les études ont démontré des performances de jeu inférieures par rapport à des sujets du même âge.
L’hyperactivité chez le bébé est un signe annonciateur de TDAH
Votre bébé se tortille et touche à tout ? Il ne sait pas jouer seul et requiert énormément d’attention de votre part ? Certains symptômes précurseurs du TDAH peuvent déjà être présents chez le tout-petit. Toutefois, il est impossible de poser un diagnostic à cet âge. Fréquentes chez les plus petits, l’agitation motrice et l’inattention ne sont pas forcément pathologiques. Ces symptômes peuvent être observés chez des enfants qui ne présenteront aucun trouble particulier plus tard. À contrario, il peut s’agir des premiers signes d’une maladie plus grave comme l’autisme.
Seules la persistance et l’évolution des symptômes sur le long terme permettront d’établir un diagnostic précis. Celui-ci est souvent posé vers l’âge de 6 – 7 ans, lorsque l’enfant entre à l’école primaire.
Un enfant hyperactif doit faire un maximum de sport pour se défouler
Le sport est un excellent moyen pour canaliser l’énergie débordante des hyperactifs, mais comme dans tous les domaines, l’excès peut être néfaste. Contrairement aux autres enfants, l’hyperactif se plaindra rarement de la fatigue engendrée par un surplus d’activités physiques. Elle se manifestera sous la forme d’une aggravation des troubles du comportement, une hyperémotivité exacerbée et des crises de colère plus fréquentes.
Concentrez-vous sur une activité qui lui plaît vraiment et à laquelle il va se tenir. L’apprentissage des règles d’un sport mobilise des efforts supplémentaires en termes de concentration pour un enfant hyperactif. Pour alterner avec cette activité sportive régulière et l’éloigner des écrans, proposez-lui des loisirs sans contraintes au contact de la nature comme une balade à vélo, du jardinage ou de la cueillette en forêt.
L’échec scolaire est une fatalité pour les hyperactifs
Si les hyperactifs présentent un risque d’échec scolaire beaucoup plus élevé que les autres enfants, c’est loin d’être une fatalité. En classe, ils peuvent être perçus comme perturbateurs, paresseux et/ou de mauvaise volonté par des professeurs non sensibilisés à ce trouble spécifique. Une fois le diagnostic posé par un spécialiste, pédopsychiatre ou neuropédiatre, il est nécessaire de rencontrer l’instituteur pour l’informer sur le TDAH. Celui-ci pourra alors adopter une attitude plus adaptée au trouble de l’enfant et mettre en place différents aménagements en fonction des difficultés. À cette aide peut s’ajouter un suivi neuropsychologique.
Le TDAH est un trouble spécifique à l’enfance
Environ 50 à 80 % des enfants vont rester hyperactifs à l’adolescence, mais aussi à l’âge adulte. Si le trouble ne disparait pas, les symptômes vont par contre évoluer. À l’adolescence, les difficultés attentionnelles ont tendance à passer en premier plan devant l’agitation motrice. Cette dernière fait place à une recherche constante de sensations fortes, avec la multiplication des conduites à risque. Peuvent s’ajouter des problèmes d’ordre relationnel, tant avec les parents qu’avec les enseignants.
Chez l’adulte, le TDAH est souvent confondu avec d’autres troubles s’il n’a pas été diagnostiqué durant l’enfance. Dépression, dépendance à l’alcool, fatigue chronique, mauvaise estime de soi,… ces troubles dits comorbides peuvent masquer les symptômes du TDAH. Plus difficile à établir à l’âge adulte, le diagnostic permet au patient de bénéficier d’une prise en charge adaptée. Comprendre que les difficultés rencontrées au quotidien ne sont pas liées à un manque de volonté représente souvent un grand soulagement pour ces adultes en souffrance.
Le TDAH est le résultat d’une éducation laxiste
Le TDAH est un trouble complexe d’origine neurologique. Si l’enfant hyperactif est incapable d’inhiber des comportements moteur automatiques inadaptés, c’est bien le cerveau qui en est la cause, notamment certaines zones du lobe frontal. Cette partie du cerveau intervient dans des fonctions supérieures dites de contrôle comme l’inhibition et la modulation des réponses. Elle est également impliquée dans la gestion des émotions, d’où l’hypersensibilité et l’intolérance à la frustration fréquemment associées.
Hyper-réactif à tous les stimuli sensoriels dans son environnement, le cerveau de l’enfant hyperactif ne parvient pas à filtrer les informations pertinentes. Grâce à l’évolution des techniques d’imagerie fonctionnelle, il a été possible de mettre en évidence un dysfonctionnement au niveau de ces zones.
Malorie Deboni est neuropsychologue pour enfants depuis 2011. Malorie est spécialisée dans les bilans des fonctions intellectuelles, attentionnelles et mnésiques, ainsi que la rééducations neuropsychologiques et les cours de méthodologie pour adolescents.
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