Quelle que soit la manière dont on la vit, la grossesse constitue un changement massif dans la vie de la femme (et de son / sa partenaire), tant au niveau hormonal, physique, qu’au niveau psychologique. C’est une période d’intenses changements à tous les niveaux, de questionnements multiples, parfois d’angoisses.
La sexualité durant cette période est d’ailleurs bien souvent bousculée ; comment l’adapter au mieux durant cette période ?
Sommaire
Stop aux idées reçues !
D’une part, la sexualité, sauf contre-indication formelle de votre gynécologue, est tout-à-fait praticable durant la grossesse. Elle est même conseillée dans la mesure où elle détend le corps et permet d’évacuer le stress.
D’autre part, l’idée reçue selon laquelle on risque de faire mal au bébé en faisant l’amour est encore bien présente dans les esprits. C’est complètement faux ! Le bébé est dans l’utérus, et la pénétration ne risque absolument pas de l’atteindre, le col de l’utérus lui en empêchant catégoriquement l’accès.
Rien à craindre donc pour votre bébé, qui va même indirectement bénéficier des endorphines sécrétées par sa mère qui sera détendue et sereine après l’intimité …
Lors du premier trimestre :
Les hormones et leurs effets secondaires peuvent induire différents symptômes, plus ou moins forts selon les femmes : fatigue, anxiété et questionnements, irritabilité, sautes d’humeur, nausées, douleurs aux seins, fringales, fréquentes envies d’uriner…
Ces désagréments disparaissent au fur et à mesure, en général vers la fin du premier trimestre.
Physiquement, les modifications corporelles sont encore minimes (augmentation du volume des seins, aréoles plus saillantes et plus pigmentées, vulve gonflée et plus pigmentée, augmentation des sécrétions vaginales, augmentation du volume de l’utérus), et la prise de poids est légère.
Quid de la sexualité ?
Les désagréments décrits plus haut peuvent être à l’origine d’une baisse transitoire du désir. Il est important d’en parler à votre partenaire et de bien lui expliquer ce qui se joue pour vous à ce moment-là, afin qu’il comprenne et puisse vous accompagner.
Il s’agit donc d’adapter ici la sexualité en mettant l’accent sur la tendresse, les câlins, les massages pour détendre… La complicité, ainsi que des espaces pour simplement évoquer vos craintes peuvent vous permettre à tous les deux de vous détendre et de réinstaller progressivement un climat propice à la sexualité. Une grossesse est un bouleversement dans la vie d’un couple, il est essentiel d’en parler ensemble !
Enfin, certaines femmes ne connaissent pas ces troubles ; elles peuvent donc avoir la même sexualité que d’habitude.
Lors du second trimestre :
Psychologiquement, il s’agit de manière générale des mois de l’équilibre et de l’épanouissement, car souvent, les désagréments du premier trimestre ont disparu.
La grossesse commence à être bien visible au quatrième mois. On peut noter un agrandissement de l’utérus (induisant parfois des tiraillements et des douleurs ligamentaires dans le bas ventre), les reins se creusent, les glandes et canaux lactifères des seins se développent et peuvent donner des tâches brunes sur les mamelons.
L’utérus appuie davantage sur vessie, donc l’envie d’uriner peut être plus fréquente ; des constipations ainsi qu’une digestion ralentie sont également possibles, les intestins cédant leur place à ce dernier, et la respiration peut enfin être un peu gênée par l’utérus qui pousse sur le diaphragme (6ème mois).
Quid de la vie sexuelle ?
A partir du second trimestre, on peut noter une dilatation ainsi qu’une irrigation sanguine du périnée et du vagin, qui rendent alors la stimulation et l’excitation plus faciles. Le désir peut être exacerbé en cette période. Vous pouvez donc en profiter (sauf contre-indication médicale, évidemment) !
L’augmentation notable du taux d’œstrogènes pendant la grossesse participe également à cette hausse de la libido (même si parfois les constipations peuvent altérer le désir).
Vous pouvez alors reprendre votre sexualité si vous le souhaitez, tout en commençant à l’adapter, votre ventre se dessinant de plus en plus.
Privilégiez les positions qui ne tirent pas trop dessus, où vous n’êtes pas à plat ventre, etc. Procédez peut-être avec plus de douceur, un peu plus lentement.
Parfois, les modifications corporelles et donc de l’image du corps peuvent être difficiles à accepter pour certaines femmes, et avoir des répercussions négatives sur l’intimité ; être accompagnée durant votre grossesse par un professionnel (psychologue ou autre) peut alors aider à traverser sereinement cette période de vie.
Lors du troisième trimestre :
Le troisième trimestre est marqué par de grandes transformations corporelles, et bien sûr par l’arrivée imminente du bébé, ce qui induit une fatigue marquée, l’appréhension voire des angoisses quant à l’accouchement, et donc souvent une baisse de libido.
Le ventre devient de plus en plus encombrant et lourd, et la fatigue plus importante. Il faut donc vous ménager ! La prise de poids s’accélère au 8ème mois.
Votre organisme se prépare doucement à l’accouchement : votre bassin s’élargit (d’où quelques douleurs parfois au niveau du pubis), le col de l’utérus commence à se ramollir, les secrétions cervicales augmentent et forment le bouchon muqueux dans le fond du vagin, dont l’élimination signera l’imminence du travail, votre vagin s’assouplit…
Toutes ces modifications corporelles altèrent votre désir sexuel, c’est normal. Vous vous préparez physiquement et psychologiquement à l’arrivée du bébé !
Quid de la sexualité ?
Vous pouvez tout-à-fait vivre votre sexualité lors du 3ème trimestre (sans contre-indication médicale et si vous le souhaitez, comme d’habitude), mais celle-ci doit vraiment être aménagée. Votre fatigue ainsi que l’essoufflement dû à la prise de poids (et au bébé qui pousse les organes, et le diaphragme) inciteront plus à la douceur et la lenteur. Le slow sex est ici particulièrement adapté, ainsi que la tendresse, les câlins, les massages …
Par ailleurs, l’encombrement de votre ventre rendront certaines positions plus compliquées. Privilégiez donc celles qui n’appuient pas directement dessus, qui ne vous fatiguent pas trop, et qui ne nécessitent pas de votre part une souplesse accrue.
Adaptez également la vitesse et la profondeur des pénétrations, afin d’éviter tout essoufflement et toute douleur. La position des cuillères permet de prendre du plaisir, tout en se ménageant le plus possible.
Enfin, lorsque le terme approche, faire l’amour peut dans certains cas provoquer le début du travail 😉
Comme vous pouvez le constater, en l’absence de toute contre-indication médicale et de symptômes trop embêtants, la sexualité est possible durant l’intégralité de votre grossesse, si vous le souhaitez bien sûr, et à condition de l’adapter à votre forme physique, à vos envies, à votre corps qui change etc.
En cabinet libéral depuis 2013, Marjorie accompagne les femmes sur le chemin d’une féminité et d’une sexualité épanouies. Elle est spécialisée dans la prise en charge des troubles sexuels féminins et du traumatisme psychique (traumas sexuels, inceste, abus, maltraitance, deuil, accident, maladie grave …). C’est un métier qui la passionne !
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