Le syndrome d’excitation génitale permanente, ke zako ?

Définition et symptômes :

Le syndrome d’excitation génitale persistante ou SEGP est un syndrome encore peu connu et décrit très récemment (années 90).

On parle également de syndrome génital sans repos, car il a été observé que les patientes présentant un SEGP souffraient également souvent du syndrome des jambes sans repos.

Voici comment ce syndrome se présente :

  • La patiente expérimente des sensations génitales et clitoridiennes persistantes pendant de longues périodes (de quelques heures à quelques mois) ;
  • Ces sensations ne sont pas associées à un désir sexuel ;
  • Elles sont vécues comme intrusives, non souhaitées par la patiente, qui éprouve alors de l’embarras voire de la honte (lorsque les symptômes surviennent au travail, en public…), ou encore du dégoût ;
  • Elles ne disparaissent pas malgré un ou plusieurs orgasmes ;
  • Ces sensations sont source d’une grande souffrance psychologique.

Quels en sont les signes cliniques ?

  • La patiente note des sensations d’inconfort au niveau génital : brulûres, douleurs, démangeaisons, picotements, sensations lancinantes, accompagnées de congestion génitale et lubrification (correspondant à une excitation locale).
  • Les sensations sont proches de celles ressenties avant l’orgasme, mais durent très longtemps. Elles peuvent parfois aller jusqu’à des orgasmes spontanés non désirés ou embarrassants, et ce en l’absence de désir ou de fantasme.
  • Elles s’aggravent en position assise ou allongée, dans la soirée, et sont (relativement) soulagées par la station debout (il en est de même pour le syndrome des jambes sans repos).
  • La localisation de l’excitation est différente selon les patientes : au niveau de la vulve, du vagin, du clitoris, les 3 en même temps …
  • L’excitation n’est pas du tout recherchée, c’est même souvent le contraire, et les symptômes sont vécus comme intrusifs, dérangeants.
  • Ils sont enfin source d’un stress intense, et leur impact sur la qualité de vie est très fort.
Troubles de la sexualité chez la femme.

Quels sont les facteurs déclanchants d’un SEGP ?

Cela dépend évidemment des patientes, mais la plupart du temps, le frottement inopiné des vêtements, des émotions fortes (anxiété, colère, stress), une fatigue, la consommation d’alcool, l’équitation ou encore la station assise en voiture, à moto ou à vélo déclenchent les « crises ».

Tout ce qui indirectement vient stimuler les parties génitales, même en dehors de tout contexte sexuel, va potentiellement provoquer une excitation.

Diagnostique :

Un examen gynécologique rigoureux comprenant des pressions cutanées à l’aide d’un coton tige afin de déterminer les zones gachettes et un entretien clinique, permet de poser le diagnostique.

Par ailleurs, une IRM cérébrale et spinale, ainsi qu’une échographie pelvienne sont préconisées.

Enfin, le médecin prescrit à la patiente un bilan hormonal ; et il va également rechercher les syndromes des jambes sans repos et de la vessie hyperactive, car selon la littérature, ces troubles sont souvent associés.

Quelles peuvent être les causes du SEGP ?

D’une part, les quelques recherches scientifiques mettent en exergue le rôle potentiel des modifications hormonales dans la genèse du syndrome (modifications hormonales durant grossesse ou encore la péri ménopause par exemple).

D’autre part, dans ces études, les femmes présentent souvent des varices pelviennes (les varices sur les jambes sont fréquentes en cas de syndrome des jambes sans repos ; hypothèse vasculaire).

Enfin, on a pu remarquer l’augmentation ou le déclenchement des symptômes dans les périodes d’anxiété, de contrariétés, d’émotions fortes, etc.

Ces données ne sont encore que des hypothèses, trop peu de recherches ayant été à ce jour effectuées pour les confirmer ou les infirmer. Les patientes sont donc le plus souvent livrées à elles-mêmes, face à des professionnels assez impuissants, dubitatifs et qui découvrent les choses en même temps qu’elles …

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Quelles sont les répercussions de ce trouble ? 

Elles sont multiples et concernent toutes les sphères de l’existence, et la qualité de vie des patientes est particulièrement entachée. On peut noter :

  • Le sentiment de honte parfois très fort, qui fait que les patientes ont du mal à parler de leur trouble (ceci accentué par l’ignorance du corps médical, certains médecins ne les prenant parfois pas du tout au sérieux).
  • L’anxiété et le stress liés au syndrome mais qui du coup l’aggravent.
  • Ce trouble peut être à l’origine de sentiments dépressifs allant parfois jusqu’aux idées suicidaires voire au passage à l’acte.
  • Les difficultés personnelles et professionnelles, l’excitation survenant dans des moments où elle ne peut être soulagée facilement et qui sont très gênants (au travail, devant des amis, etc.).
  • L’inhibition, le repli sur soi, l’évitement de toute stimulation, l’isolement social …

Quelles sont les méthodes de soulagement ?

Chaque patiente, en fonction de son SEGP et de ses types de déclenchements, va essayer de trouver ce qui la soulage le plus.

  • La masturbation et les rapports sexuels peuvent aider, dans le but non pas d’avoir du plaisir mais de faire baisser l’excitation. Plusieurs orgasmes sont souvent nécessaires.
  • La distraction cognitive (= penser à autre chose) peut parfois marcher.
  • Les exercices physiques pour fatiguer le corps.
  • Les compresses froides, la glace ou encore le brumisateur sur la zone génitale peuvent être efficaces …

Quels sont les traitements du SEGP ?

La psychothérapie et la sexothérapie sont importantes ; elles permettent de casser le cercle vicieux du syndrome (la sensation arrive, ce qui augmente l’anxiété, ce qui fait augmenter les sensations, ce qui stresse encore plus, etc.), de travailler sur la distraction cognitive, la relaxation, la détente, les émotions, le stress, les répercussions du trouble …

La kinésithérapie périnéale peut être efficace en cas de compression du nerf pudental, afin de le libérer, mais également de travailler sur la détente musculaire.

Les traitements médicaux sont les mêmes que ceux utilisés pour traiter le syndrome des jambes sans repos (agonistes dopaminergiques, certains antiepileptiques…).

Conclusion :

Cette affection est encore assez peu connue. Sa rareté et le fait que les patientes ont honte d’en parler font qu’on a du mal à collecter des informations.

Or, plus les professionnels entendront parler de ce trouble, plus les recherches scientifiques pourront être proposées et plus les thérapeutiques en la matière pourront avancer.