Sexualité féminine et croyances limitantes

Une idée reçue sur mon métier consiste à penser qu’en tant que sexothérapeute, on ne travaille que sur le corps sexué et le comportement sexuel en tant que tel : comment accéder à plus de plaisir, apprendre à se connaître, etc. Ce n’est pas faux en soi, c’est juste incomplet : en effet, dans ma pratique, je travaille également beaucoup autour des croyances limitantes liées à la sexualité, et ces dernières vont d’ailleurs faire l’objet de l’article de ce mois-ci.

Mais tout d’abord, qu’est ce qu’une croyance ? 

Il s’agit d’une adhésion de l’esprit qui, sans être entièrement rationnelle, exclut le doute et comporte une part de conviction personnelle, de persuasion intime.

Une croyance résulte de votre expérience, de votre vie et de l’image que vos parents et les personnes qui vous ont entourées vous ont transmises. 

Comment développe-t-on ses croyances ? 

Les croyances se développent depuis la plus tendre enfance, et proviennent en l’occurrence de l’environnement familial, culturel, religieux et sociétal dans lequel vous avez été élevées. Elles ont alors permis à l’enfant que vous étiez de se constituer une vision du monde, une représentation de son univers à lui, à partir de ce qu’il a vécu, vu, entendu, ressenti, etc. On a donc absolument tous développé un système de croyances, qui nous a permis d’appréhender le monde dans lequel on a vécu. C’est donc en soi parfaitement normal. 

Des croyances ont également pu se former sur la base d’expériences qui ne sont pas directement les vôtres, mais suite à la répétition d’un discours parental ou familial sur un sujet donné, suite à certaines expériences vécues par vos ami(e)s qui vous ont particulièrement marquées, etc. 

Femme dans une piscine à débordement faisant un geste de la main en forme de cœur

Il est généralement admis que l’enfant, par le biais de ses expériences directes et indirectes, s’est construit un modèle du monde, pour se rassurer. Ce qu’on sait moins en revanche, c’est que ce modèle du monde, s’il n’est pas remis en question, persiste en partie à l’âge adulte, souvent sous le seuil de conscience. Et ce modèle du monde n’est pas forcément totalement adapté non plus.

En effet, ces croyances développées précocement sont à l’origine de représentations et de conditionnements concernant les différentes sphères de votre vie (le travail, la vie personnelle, le couple, la sexualité, etc.). Elles sont d’ailleurs tellement encrées en vous que certaines d’entre elles ne sont même plus conscientes. 

Certaines sont positives, inspirantes et surtout alignées avec qui vous êtes (elles ne posent donc aucun problème!), tandis que d’autres sont beaucoup plus négatives, limitantes. Elles conditionnent toutes malgré vous et encore à l’âge adulte votre vision du monde. 

Et pour en revenir à la sexualité, tout ce que vous avez vécu à ce sujet depuis votre plus tendre enfance (oui, la sexualité infantile existe!!), le discours parental, la manière dont on en parlait ou dont on n’en parlait pas dans votre famille, les non-dits et secrets familiaux, ce qu’on vous en a dit à l’école, les expériences racontées par les copines, les magazines, films, articles, livres…..tout cet imbroglio d’informations venues de toute part est à l’origine de la constitution de croyances, de représentations, d’idées reçues autour de la sexualité. Et comme les croyances conditionnent votre vision du monde, vos croyances autour de la sexualité vont conditionner votre manière de la vivre…de mal la vivre…ou de ne pas du tout la vivre, c’est selon. 

En effet, si les discours / expériences / histoires vécues, entendues autour de la sexualité ont été négatives, marquées par la culpabilité, la honte, le dégoût ou d’autres joyeusetés de ce genre, alors la sexualité sera l’objet d’interdits, d’inhibitions, de blocages, voire de véritables troubles sexuels. 

On voit bien ici le lien extrêmement fort entre la psyché et le soma. Le système de croyances que vous avez développé autour de la sexualité peut donc vous empêcher de faire éclore la femme qui est en vous et de vivre pleinement votre sexualité, celle qui vous fait du bien, celle qui vous épanouit, celle qui vous satisfait. 

Il s’agit donc, dans la prise en charge sexothérapeutique (du moins celle que je pratique ; il existe plusieurs autres approches très pertinentes également), de vous accompagner à débusquer et faire remonter à la surface toutes vos croyances concernant la féminité, la sexualité, le corps, le couple, etc. 

mise au point superficielle d'une femme posant

Prendre conscience de ses croyances limitantes, c’est bien, mais après ?

Une fois que vous avez pris conscience de toutes les croyances, représentations, préjugés, idées reçues, concernant la sexualité, (incluant également la féminité, votre rapport aux homme, votre corps, le couple, etc.), vous pouvez déjà faire les liens avec d’éventuels blocages, inhibitions, émotions négatives ou troubles réels que vous vivez à ce niveau-là. 

Il s’agit ensuite de travailler autour de ces croyances : d’où viennent-elles, à qui appartiennent-elles réellement, que viennent-elles valider chez vous, à quels événements sont-elles liées, etc. 

Une fois que tous ces éléments sont bien clairs pour vous, une mise à distance est alors nécessaire : est ce que cette croyance fait réellement sens pour vous, y adhérez-vous de tout votre être ou uniquement par principe parce que c’est ce qu’on vous a toujours dit, est-elle encore d’actualité ou est-elle devenue obsolète, et dans ces cas-là, s’en débarrasser et les remplacer par des croyances qui vous correspondent davantage. 

Cela peut paraître aisé sur le papier, mais en réalité, il s’agit d’un processus lent, et peu évident. Il s’agit de repasser sur son histoire, d’en faire le tour, avec toutes les difficultés que cela comporte en termes de résistances. Prendre conscience de croyances négatives peut induire des émotions très fortes et un déséquilibre passager, mais le sexothérapeute avec qui vous accomplissez ce travail est là pour vous soutenir et vous accompagner dans ce cheminement.

Enfin, un travail sur le corps pour compléter ce processus s’avère indispensable pour lever les troubles, blocages, peurs et inhibitions à tous les niveaux, psychiques comme physiques. 

En somme, ce travail en vaut largement la chandelle, car il permet de vous réapproprier votre sexualité, vous libérer de tout ce qui ne vous appartient pas à ce sujet, vous créer un modèle du monde et de la sexualité qui vous convient à vous, et surtout de vous sentir alignée avec la femme que vous êtes, dans la sexualité épanouie qui est la vôtre.