Il est question de dysfonctionnement sexuel quand il devient impossible de réaliser une activité sexuelle normale. Les troubles de la sexualité chez l’homme sont multiples et dans la plupart des cas, ils résultent de plusieurs facteurs à la fois physiques et psychologiques. L’essentiel est d’y remédier à temps afin de conserver l’estime de soi et la place de la sexualité dans le couple. Que faut-il savoir à propos de chacune de ces dysfonctions sexuelles masculines ?
Sommaire
1.L’éjaculation précoce
Lorsqu’un homme devient incapable de faire durer son plaisir, c’est-à-dire de retarder l’émission du sperme par la verge, il souffre d’éjaculation précoce. L’homme éjacule alors soit avant la pénétration vaginale soit peu de temps après. Cette dysfonction sexuelle ne laisse donc pas de place à la satisfaction de la partenaire. C’est la forme la plus fréquente des troubles sexuels masculins et elle concerne environ un homme sur quatre.
L’habitude à avoir une éjaculation au début de l’excitation pourrait être à l’origine de ce problème. Le stress et la forte excitation risquent aussi de l’engendrer. Il faut donc chercher à éviter les situations de tension nerveuse au travail, à la maison, et dans la vie de couple.
Les films et les photos érotiques sont également trop stimulants et vont à l’encontre de la thérapie de l’éjaculation précoce. Il faut éviter aussi de trop fantasmer sur sa partenaire. L’homme doit donc avoir le contrôle sur son comportement en général et sur son comportement sexuel pour surpasser ce problème d’éjaculation.
L’autorééducation est possible avec la pratique régulière d’exercices de respiration par le ventre. Il existe aussi un médicament indiqué dans le traitement de l’éjaculation précoce : le Priligy. Un comprimé de Priligy à prendre une heure à trois heures avant le rapport sexuel permet d’empêcher l’émission rapide du sperme.
2.L’éjaculation rétrograde
L’éjaculation rétrograde ou l’éjaculation dans la vessie exprime l’éjaculat qui prend un mauvais chemin. Cette dysfonction sexuelle empêche l’expulsion normale du sperme par le méat urétral à l’extrémité de la verge. Au lieu de rejoindre l’urètre, il remonte vers la vessie. Cet éjaculat anormal peut être partiel ou total, c’est-à-dire qu’une partie du sperme peut tout de même être expulsée hors du pénis.
Les principales causes de l’éjaculation rétrograde sont les suivants :
- L’ouverture du col vésical due à la chirurgie de l’hyperplasie adénomyomateuse de la prostate ;
- L’altération de la fonction des nerfs coordonnant l’éjaculation due au diabète ou à la chirurgie abdominale ou pelvienne ;
- L’effet secondaire de certains médicaments ;
- La présence de lésion au niveau de la moelle épinière.
L’éjaculation par la vessie touche les sujets âgés de plus de 60 ans. Il ne s’agit pas d’un trouble sexuel majeur au point où le patient arrive encore à avoir des orgasmes. Par contre, il peut engendrer la stérilité masculine.
Les médicaments alpha-stimulants comme la milodrine, l’éphédrine ou pseudoéphédrine sont efficaces pour traiter ce trouble de sexualité. Cependant, la surveillance médicale est de rigueur avant et pendant le traitement pour limiter l’effet secondaire du stimulant sur la pression artérielle.
3.L’anéjaculation
L’anéjaculation est l’incapacité à éjaculer. L’érection a lieu, les stimulations sont influentes, mais il est impossible pour l’homme d’expulser le sperme par l’urètre. Cette dysfonction sexuelle est plus grave si le patient n’a jamais pu éjaculer. Cependant, si l’homme a déjà eu une vie sexuelle active avant, l’anéjaculation reste un trouble secondaire.
En cas d’absence ni d’éjaculation ni d’orgasme suite à un rapport sexuel ou à une masturbation, il est question d’anéjaculation psychogène totale. Il s’agit plutôt d’une anéjaculation relationnelle si l’homme arrive à éjaculer en l’absence d’une partenaire. Il existe aussi l’anéjaculation coïtale ou vaginale focalisé uniquement sur le coït.
Les causes de l’anéjaculation sont variées. Il peut s’agir de la séquelle d’une éducation trop exigeante réduisant le fantasme sexuel. C’est le cas d’une anéjaculation psychogène souvent régie par les obsessions, la culpabilité, la peur. La pratique fréquente de masturbation pourrait aussi occasionner ce trouble de la sexualité. L’absence de l’intimité du couple, le souci de performance et le dégoût sont également à l’origine de l’anéjaculation.
Si les glandes responsables de la production du sperme sont altérées suite à la chirurgie du cancer de la prostate, il n’y a plus moyen de résoudre le problème. Cependant, pour les autres situations, il suffit de soigner le patient en fonction de la nature de l’anéjaculation. Pour assurer la procréation, il faut déclencher l’éjaculation réflexe à l’aide du procédé de vibromassage ou d’électrostimulation.
Une thérapie comportementale et cognitive ou TCC et une thérapie conjugale auprès d’un sexologue peuvent aussi faire leur effet. Parfois, il faut faire appel à un urologue ou à un endocrinologue pour traiter l’anéjaculation.
4.La baisse de la libido
La baisse de la libido définit la situation d’un homme qui n’a presque plus de désir sexuel après une période de sexualité active. Il se manifeste donc par un comportement qui met en arrière-plan le sexe et les fantasmes. Le corps peut recevoir les stimulations, mais l’envie de passer à l’acte est minime ou même absente. Dans ce cas, si un rapport sexuel a lieu, c’est uniquement pour faire plaisir à la partenaire.
Ce trouble peut être temporaire en cas de fatigue, de stress ou de conditions non appropriées à l’activité sexuelle. Il peut aussi survenir avec l’âge. En cas d’état dépressif ou de problèmes relationnels, il est plus difficile d’aider le patient à retrouver son désir sexuel normal. Certaines maladies graves comme l’insuffisance rénale chronique et le cancer de la prostate, ainsi que leur traitement peuvent également être à l’origine de ce trouble sexuel.
La baisse de libido est fréquemment liée à la diminution du taux de testostérone dans le sang. Après diagnostic, si ce cas est confirmé par les résultats de l’hypogonadisme, l’administration d’une supplémentation en testostérone serait proposée au patient.
Ci-dessous une vidéo qui résume les causes possibles d’une baisse de libido :
5.L’impuissance ou dysfonction érectile
Lorsqu’un homme a une difficulté à avoir une érection ou à la maintenir, il souffre d’impuissance ou dysfonction érectile. Dans la plupart des cas, cette forme de trouble sexuel provient d’un problème vasculaire au niveau des artères du pénis. Ce qui fait que le sang circule moins suffisamment à cet endroit pour pouvoir produire une érection normale.
La dysfonction érectile peut aussi résulter d’une opération chirurgicale qui touche les nerfs érectiles ou de la complication de certaines maladies :
- Ablation de la prostate en cas de cancer pelvien ;
- Section de la moelle épinière en cas de tétraplégie ou de paraplégie ;
- Affection de la thyroïde
- Hypogonadisme ;
- Surproduction de prolactine ;
- Diabète.
Si le problème d’impuissance est d’ordre psychogène, comme l’anxiété de performance par exemple, le patient a juste besoin d’un accompagnement efficace et d’une bonne dose d’activité physique régulière. Parfois, la thérapie de couple et la restauration de l’estime de soi peuvent y remédier. En cas de dysfonction érectile résultant de l’effet secondaire d’un médicament, il suffit de se conformer à la prescription médicale y afférente.
Concernant les solutions médicamenteuses, il existe les pilules qui remontent le flux sanguin au niveau des organes génitaux. Pour les cas plus sévères, il faut recourir aux implants péniens ou encore aux soins directement administrés dans les conduits intracaverneux du pénis.
80 % des octogénaires sont victimes de la dysfonction érectile si le problème ne touche que 5 % des hommes âgés de 40 à 50 ans. D’après les projections, ce problème d’impuissance pourrait concerner 322 millions d’hommes en 2025.
6. La Peyronie
La maladie de la Peyronie se manifeste par la courbure du pénis, soit vers le bas, soit vers le haut vers le bas ou vers un côté pendant l’érection. Cette déformation peut aussi se manifester par le rétrécissement ou le raccourcissement du pénis.
Les causes de cette dysfonction sexuelle restent encore confuses. Cependant, le début de ce trouble est lié à la présence de cicatrices raides occasionnées par l’inflammation répétée du pénis après le rapport sexuel.
Ce trouble de la sexualité peut engendrer des répercussions plus graves comme la détresse psychologique ou même la perte de rigidité des érections. Lawrence Jenkins, spécialiste en urologie à l’université Wewner Medical Center que le traitement de la Peyronie varie en fonction de l’évolution de la maladie. Il existe des médicaments administrés par voie orale ou par injection dans la plaque pour soigner ce trouble sexuel.
Les traitements plus mécaniques incluent l’iontophorèse permettant un redressage par procédé électrique ou encore l’étirement à l’aide d’un extenseur ou d’une pompe à vide. La chirurgie réparatrice qui consiste à supprimer le tissu cicatriciel est plus efficace. Si la Peyronie est accompagnée d’un trouble d’érection, il faut envisager l’implant pénien.
7.L’anorgasmie
L’anorgasmie définit l’incapacité d’avoir un orgasme et d’éjaculer pendant les rapports sexuels. Cette dysfonction n’engendre aucun trouble érectile, mais la jouissance et l’éjection du sperme lors de la pénétration vaginale restent impossibles. Cependant, le patient y arriverait lors d’une masturbation.
Le comportement de l’homme met en avant le plaisir solitaire au lieu d’un plaisir partagé. Sa situation d’excitation est plutôt liée au sexe virtuel, c’est-à-dire qu’il préfère mieux les films pornographiques et les images stimulantes que la relation sexuelle en couple.
L’anorgasmie est plutôt d’ordre psychogène. Il n’y a donc pas de médicament spécifique pour traiter cette maladie. Le patient doit beaucoup coopérer pour y remédier, car il est appelé à se fixer de nouveaux codes d’excitations.
La thérapie de couple est fréquemment utilisée dans une telle situation. Cette méthode doit réinstaurer l’intimité du couple et obliger en quelque sorte le patient à considérer beaucoup plus sa partenaire que d’habitude.
La thérapie serait plus efficace si l’homme est consentant. S’il doit se libérer de son stress et de son anxiété, il doit trouver un moyen plus simple que les vidéos en ligne ou la masturbation. L’essentiel est d’essayer d’avouer ses fantasmes à sa partenaire pour espérer les vivre dans la réalité.
L’anorgasmie est beaucoup plus grave qu’elle n’en a l’air à cause du problème d’addiction que le patient doit surmonter. Ce trouble de la sexualité prend fin lorsque l’homme devient excité par la réalité. Il ne faut pas interpréter l’anorgasmie comme un manque d’affection, c’est juste un manque de désir.
8.Le priapisme
Le priapisme est une dysfonction sexuelle masculine qui pourrait être dangereuse. Ce trouble se caractérise par une érection persistante et douloureuse pouvant durer plus de 4 heures. Le pénis a du mal à retrouver sa flaccidité même en l’absence de stimulation sexuelle.
Le caractère involontaire de l’érection et la douleur pénible qui l’accompagne impactent la santé, le bien-être et le quotidien du patient. Cette érection anormale peut résulter ou non d’un rapport sexuel accompli ou d’une situation d’excitation.
L’ampleur de la maladie se traduit par la formation de lésions au niveau des corps caverneux du pénis. L’injection intra caverneuse de substance proérectile peut soulager le priapisme, mais la thérapie doit être complétée par le refroidissement de la verge, l’administration d’alphastimulants et la pratique d’activités physiques régulières.
Parfois, il est nécessaire de suivre un traitement antalgique concomitant pour soulager la douleur et si le priapisme a déjà pris de l’ampleur, il faut évacuer le sang caverneux à l’aide d’une ponction. Dans certains cas, un implant pénien est proposé au patient, un shunt caverno-spongieux serait plus approprié. Il existe plusieurs formes de priapisme :
Le priapisme artériel
Le priapisme artériel, également appelé haut débit est le moins grave. Cette forme se caractérise par une érection partielle non douloureuse qui revient fréquemment pendant plusieurs jours. Il suffit de se faire soigner à l’aide d’un processus thérapeutique qui fait bénéficier au patient une détumescence.
Le priapisme récidivant, intermittent ou chronique
Il s’agit d’une érection persistante parfois douloureuse qui fait réveiller le patient en pleine nuit. Ce trouble dure moins de 3 heures, mais sans prise en charge, il peut prendre une forme ischémique. Cette dysfonction sexuelle peut même apparaître dès l’enfance en cas de drépanocytose.
Le priapisme ischémique
Il existe aussi le priapisme ischémique ou bas débit, beaucoup plus dangereux en raison du sang bloqué dans les espaces sinusoïdaux et qui ne peut donc pas se renouveler. Il s’accompagne de douleur. Un priapisme récidivant non traité pourrait vite se transformer en priapisme ischémique.
Le priapisme iatrogène
Cette forme de priapisme résulte d’un traitement local de dysfonction érectile. Il s’agit plus précisément de l’effet secondaire de l’alprostadil, de la papavérine ou des deux, dont l’administration par voie intra caverneuse est en plus un autre facteur de risque du priapisme.
C’est fort d’une équipe pluridisciplinaire que le magazine Santé Sans Tabou analyse les tendances, actualités et sujets de fond ayant attrait au domaine de la Santé et du Bien-être.