La médiation animale et la maladie Azheimer

Vous faites partie de celles et ceux qui ont un parent, grand-parent, oncle ou tante, touché par la maladie Alzheimer ? Alors vous savez combien il est difficile de voir un proche oublié petit à petit des bouts de sa vie. Mais aussi de le voir s’inquiéter, devenir anxieux, en perte de repères. Les personnes touchées par cette affection voient leur autonomie s’amoindrir. La question de prise en charge, bien souvent en ehpad, devient nécessaire. S’ajoute alors le changement de cadre de vie, la séparation.

Comment apporter confort et réconfort, tout en les stimulant ? Les ateliers de médiation animale vont pouvoir tenter d’y répondre. En effet, ce champ d’intervention se base sur le lien naturel et bienveillant existant entre l’être humain et l’animal. A partir de cette relation, naturelle, il va être possible pour le professionnel de faire régner un climat de confiance entre la personne atteinte par la maladie Alzheimer et l’animal présent, et d’interagir avec elle grâce à ce lien créé. L’animal devient médiateur entre le résident et le professionnel. 

Présentation de la maladie Alzheimer

La maladie Alzheimer est une maladie neurovégétative, d’évolution progressive. Elle est la cause principale de dépendance lourde de la personne âgée, et le motif principal d’entrée en institution. L’évolution de cette maladie se fait sur plusieurs années avec l’apparition d’une dépendance progressive, qui va petit à petit retentir sur les activités quotidiennes et sur l’entourage.

Elle représente au moins deux tiers des cas de démence. Le syndrome démentiel correspond à la définition médicale suivante :

« Troubles des fonctions cognitives ( mémoire, langage, attention et contentration, praxies, gnosies, etc) suffisamment importants pour retentir sur la vie quotidienne, et qui durent depuis au moins 6 mois » ( DSM – IV – TR ) (1).

Le terme de démence n’implique pas que le patient ait des troubles du comportement ( même s’ils peuvent accompagner, voire précéder, les troubles cognitifs ) et n’a aucune connotation péjorative tel que le langage courant pourrait le laisser entendre. Il signifie que les troubles cognitifs ont un retentissement dans la vie quotidienne du patient et que celui-ci doit être aidé ou accompagné, au moins pour les actes plus élaborés.

Rappel sur ce qu'est la maladie d'Alzheimer
Rappel sur ce qu’est la maladie d’Alzheimer

La médiation animale et la maladie Alzheimer

La mise en place d’un programme d’ateliers de médiation animale au sein d’un ehpad va permettre de lutter contre l’isolement. Il s’agit en effet d’apporter un stimulus extérieur à l’institution, l’animal, qui va faire appel à des souvenirs de leur vie avant le placement. La plupart des personnes âgées ont vécu dans leur passé une relation affective avec les animaux.
Ces interventions vont permettre aux résidents de dériver un moment leurs angoisses, puis de faire ressurgir dans leur mémoire les souvenirs de ces liens qu’ils ont pu vivre dans le passé.
Au travers du regard de l’animal qui ne juge pas, la personne âgée ne se sentira plus comme sujet de soin, mais va redevenir une personne à part entière. Le chien, par exemple, lui apportera tendresse et affection sans jamais prêter attention aux troubles dont peuvent souffrir certaines personnes âgées.

La médiation animale offre un grand nombre d’activités créées pour s’ajuster au potentiel du résident concerné. L’animal, médiateur vivant, fournit des repères à la personne qui pourra réaliser des actions s’inscrivant dans un répertoire de gestes acquis de longue date. Il fera appel, sans même s’en rendre compte à diiférentes mémoires que nous sollicitons chaque jour pour réaliser par exemple les gestes de la toilette. L’exercice, grâce à l’animal, sera source de moment de plaisir.
L’intervenant accompagne alors la personne atteinte dans la réalisation de ces actions. Il veillera notamment à bien faire attention à ne pas mettre la personne face à ses déficits, et de ne pas la placer ainsi dans une situation d’échec. L’objectif de ces ateliers est bien la mise en confiance, et non l’inverse. Si les activités sont planifiées adéquatement afin de valoriser les capacités restantes de la personne atteinte de la maladie Alzheimer, la médiation animale peut procurer une satisfaction spontanée et ainsi amener la personne à mieux ressentir la réalité et à se reconsidérer.

D’après une étude menée par Kongable et Al.(2) , la présence d’un animal sur une fréquence hebdomadaire augmente le nombre de comportements sociaux adaptés, comme par exemple les sourires, les regards, les rires, chez une personne atteinte de la maladie Alzheimer. Le souvenir d’expériences agréables avec l’animal peut être suffisant pour que seule sa présence ait des effets calmants. De même, selon les observations de Walsh et Al.(3), le rôle apaisant de l’animal a été aussi démontré, notamment pas une diminution significative de la fréquence cardiaque, et de la pression artérielle.

Chien dressé
Les apports de la médiation animale sont indéniables

Les bienfaits possibles de la présence de l’animal

Sur le plan affectif et psychosocial

La démence ayant des répercussions sur le langage oral, verbal, la présence d’un animal tel que le chien va permettre de revenir à des relations sensorielles, notamment tactiles. En offrant alors au corps du résident la liberté de s’exprimer autrement que par la voix ( communication non verbale, par les gestes ), et un récepteur bienveillant apte à le recevoir ( l’animal qui communique avec nous via une communication non-verbale ), nous allons alors pouvoir réamorcer une relation à l’autre, qui se trouvait en perdition. Le langage corporel peut s’investir et devenir porteur de sens. L’incompréhension parfois ressentie par les propos d’une personne présentant des troubles cognitifs peut se trouver ici levée. Nous allons notamment pouvoir :

  • Rompre l’isolement : grâce à la présence du chien, reconnu comme catalyseur, facilitateur d’échanges, on va pouvoir tendre à encourager les résidents les plus isolés à interagir les uns avec les autres ;
  • Maintenir un lien affectif : en apportant aux résidents un moment privilégié de tendresse ;
  • Favoriser le contact : notamment ici entre le résident et les membres du personnel soignant ;
  • Améliorer la qualité de vie, en égayant leur quotidien. Le contact apporte de la vie et de l’affection, et permet de réduire les sentiments de solitude, d’anxiété liés à la maladie.
Médiation animale et maladie Azheimer
Médiation animale et maladie Azheimer, une approche qui donne des résultats

Sur le plan cognitif et psychomoteur

L’animal, en voulant le caresser, le soigner, jouer avec lui, va alors être initiateur de mobilité, fomenteur de mouvements. La présence animale va permettre au résident de faire, implicitement, un travail d’adaptation à son milieu : en essayant d’extraire des informations ( maintien ou développement de la perception ), et à s’en servir pour réaliser le geste nécessaire ( maintien ou développement de la motricité ). Nous allons pouvoir tenter de :

  • Préserver les acquis : l’animal permet de maintenir le contact avec la réalité, en travaillant la mémoire, les capacités d’attention, de discernement, par le développement de l’expression verbale et non verbale.
  • Stimuler la mémoire : en faisant appel à leur souvenir et leur donner envie de les partager avec les personnes qui les entourent ( autres résidents, personnel, proches )
  • Stimuler les repères spatio-temporels,
    etc.

Sources et références :

  • (1) Manuel diagnostique et statistiques des troubles mentaux (DSM – IV – TR ), Association Américaine de Psychiatrie.
  • (2)KONGABLE, L. G., BUCKWALTER, K.C. et STOLLEY, J.M. The effects of pet therapy on the social behavior of institutionnalized Alzheimer’s clients. Archives of Psychiatric Nursing, 3, 4,191-198, 1989
  • (3)WALSH, P.G., MERTIN, P.G., VERLANDER, D.F. et al. The effects of a “pets as therapy” dog on persons with dementia in a psychiatric ward. In S.B. Barker, & K.S. Dawson, The effects of animal-assisted therapy on anxiety ratings of hospitalized psychiatric patients. Psychiatric Services, 49, 6, 797-801, 1995
  • VUILLEMOT J-L. (sous la direction). La personne âgée et son animal. Pour le maintien du lien. Editions Erès, 1997
  • MARTIN, F., et Carole Brousseau. La zoothérapie de A à Zoothérapie Québec. Montréal, Zoothérapie Québec, 1998
  • www.francealzheimer.org
  • https://www.has-sante.fr