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Définition selon la Classification Internationale des Maladies (CIM-11) et L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Le mal de ce siècle pourrait être affilié à une recrudescence des maladies liées au travail. Au regard du rythme très soutenue des informations véhiculées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication et des demandes toujours plus exigeantes des clients et des entreprises, le travail qui occupe 95% de notre temps peut vite devenir un acteur sérieux dans notre problématique de santé.
Faisons un retour rapide sur le passé, le 28 mai 2019 l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a reconnu le burn-out ou le syndrome d’épuisement professionnel sous les vocables de « phénomène lié au travail ». Nous remarquons une certaine progression dans la reconnaissance de ce mal qui a été longtemps considéré comme une simple conséquence des risques psychosociaux. Toutefois, la problématique n’est pas encore reconnue en tant que maladie à part entière.
Par ailleurs, la classification internationale des maladies (CIM-11) avance la description de l’épuisement professionnel comme suit : « Le burn-out, ou épuisement professionnel, est un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été correctement géré ».
Petit historique afin de comprendre ces définitions actuelles
Le burn-out a été décrit pour la première fois par un psychanalyste New Yorkais nommé Freudenberger travaillant dans les années 70 au sein d’un centre d’aide aux populations défavorisées. Il prenait en charge de jeunes personnes toxicomanes et ou des individus très éloignés des standards sociaux. Il était amené à réaliser de nombreux soins à des personnes très demandeuses de la relation d’aide, de jour comme de nuit jusqu’à ce qu’il ne puisse plus prendre en main son poste de travail, n’ayant plus l’énergie nécessaire pour le faire. Ainsi, il procède par une description clinique de son vécu physiologique et psychologique de sa situation de travail. Il nous précise des difficultés au niveau psychologique (épuisement intense, ressentiment, perte de motivation, irritabilité, perte de concentration, trouble de la mémoire…) mais aussi des problématiques physiques gênantes voir handicapantes (troubles gastriques, mauvaises résistances aux infections).
Par la suite, Maslach et Jackson ont entrepris une objectivation des mesures du phénomène. De ce fait, le MASLACH BURN-OUT INVENTORY (MBI) a vu le jour en 1981. Cet inventaire est encore utilisé à l’heure actuelle, par les professionnels de santé habilités et scientifiques souhaitant évaluer le niveau d’épuisement d’un individu ou d’un groupe de personnes.
A l’époque le syndrome d’épuisement professionnel était affilié aux métiers d’aide à la personne nécessitant un contact humain (médecin, éducateur, soignants…). Néanmoins, au vu des évolutions sociétales et de la relation au travail, une expansion aux autres secteurs d’activités a pu être constatée. Pour ainsi, dire tout le monde peut être sujet à ce phénomène.
Mais le burn-out concrètement c’est quoi ?
Pour faire simple le burn-out apparaitrait à cause d’une perte de sens sur son travail et toucherait uniquement la sphère du travail. Elle se caractériserait par de trop grandes attentes envers l’organisation et un moindre retour (manque de reconnaissance, peu de marge de manœuvre, et de temps pour moduler le rythme de travail, trop grandes attentes envers l’organisation du travail…). Pour aller plus loin, il faudra alors se référer à l’article sur les risques psychosociaux explicitant les facteurs amenant l’apparition du burn-out.
Le burn-out est un syndrome (ensemble de symptômes et de comportements révélateurs) organisé en trois phases parfois concomitantes et graduelles. Il faut comprendre ici que le burn-out est progressif, mais le point de rupture peut se manifester sans que l’individu puisse le voir survenir, accentuant une forte incompréhension, associé à un sentiment d’impuissance et de culpabilité au moment de sa manifestation.
La phase d’épuisement émotionnel
L’épuisement émotionnel fait référence à une perte d’énergie et de motivation au sein de son activité et de ses tâches. La volonté n’est plus très présente, un sentiment de détresse commence à se faire sentir. Cette phase s’accompagne de manifestations physiques et psychologiques.
Voici quelques exemples en termes physiques : fatigue corporel intense, la boule au ventre, troubles gastriques, trouble du sommeil (insomnie), douleurs musculaires, troubles musculo-squelettiques…
Nous pouvons ajouter à cela des difficultés nerveuses et psychologiques : baisse de concentration, oublis récurrents, difficultés de compréhension, migraines, irritabilité…
La phase de cynisme ou de dépersonnalisation
Le fait d’être constamment fatigué et moins performant a pour conséquence de générer un certain cynisme et un retrait dans sa relation au travail dans sa globalité, c’est à dire dans le relationnel avec les collègues mais aussi, les bénéficiaires (clients, partenaires). Nous pouvons constater à ce niveau-ci un repli sur soi, et un dénigrement pour ce que l’on fait, ternissant les relations de travail et augmentant le stress de toutes les personnes comprises dans le système.
La phase de déréalisation de soi
Dans cette partie, l’estime de soi a été fortement touchée et un sentiment de moindre efficacité s’est grandement ancré dans l’esprit du salarié amenant à des questionnements sur soi, sur sa vie professionnelle et son utilité au sein de son organisation du travail. Ces interrogations démontre un début de remise en question de soi professionnel profond pouvant créer ou faire ressurgir des blessures inconscientes tapis sous la forme de symptômes cognitifs ou physiques aggravant (je me sens incompétent, je n’arrive à rien, je suis nul et je ne mérite pas d’attention), rabaissant l’image de soi et décrédibilisant ses compétences. Plus cette phase s’allonge dans le temps plus la possibilité de plonger en dépression est grande pouvant s’accompagner de pensées suicidaires et aboutir à un suicide.
Même si le burn-out n’est pas encore reconnue en tant que maladie professionnelle de par sa complexité. Il est important de consulter un professionnel si vous ressentez un inconfort et une difficulté grandissante relative à votre relation au travail afin de remettre du sens sur cette dernière. N’attendez pas le dernier moment pour le faire écoutez votre corps et vos émotions.
Il est possible de faire appel à des professionnels tels que les psychologues du travail, ou clinicien du travail. De plus, la médecine du travail est aussi un interlocuteur à privilégier qui saura vous aiguiller et vous épauler au mieux.
Fort de ses compétences en psychologie du travail, développement personnel et psychologie clinique, Audric est psychologue du travail spécialisé dans les Risques Psychosociaux. Il apporte sur PharmaCity son expertise sur l’environnement du travail et ses risques.
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