La fin de l’accès direct dans les pharmacies au paracétamol et anti-inflammatoires non stéroïdiens

En France, il ne sera plus possible de se procurer librement des analgésiques et des anti-inflammatoires courants dans les pharmacies. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) souhaite retirer les médicaments tels que Paracétamol, Doliprane, Efferalgan et Advil des zones accessibles au public, dès janvier 2020.

Paracétamol et autres analgésiques : un durcissement des conditions de vente

L’ANSM demande que certains analgésiques soient derrière les comptoirs des pharmacies dès janvier 2020. L’agence française des médicaments souhaite ainsi renforcer le rôle consultatif des pharmaciens. L’ANSM veut limiter l’accès aux analgésiques tels que l’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène. Actuellement, ces médicaments sont en vente libre dans les pharmacies françaises.

pharmacie
Le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens à base d’ibuprofène et d’acide acétylsalicylique pourront toujours être obtenus sans ordonnance. Mais, ils ne seront plus librement accessibles dans les pharmacies françaises. Le pharmacien décidera de vous les vendre ou non.

Cela se fait déjà dans certaines pharmacies, mais l’ANSM veut que ce soit la norme. Cette disposition entrera en vigueur à partir de janvier 2020.

“Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour veiller à ce qu’ils soient utilisés correctement”. Le Dr Philippe Vella, expert de l’Ansm, insiste sur l’importance du rôle du pharmacien. Il indique qu’un usage impropre de ce type de médicament pouvait comporter des risques graves.

Au début de l’année, l’Autorité française de la concurrence avait recommandé d’étendre la vente de médicaments en vente libre. Outre les pharmacies, des centres de distribution de masse tels que les supermarchés, pourraient les vendre. Il s’agit des analgésiques ordinaires, des médicaments contre la grippe, le rhume et le rhume des foins.

Une mesure visant à protéger les patients

En France, le paracétamol est la deuxième substance à provoquer des appels au centre antipoison après le bromazépam. C’est pourquoi les autorités proposent de limiter les risques liés à l’utilisation impropre de ce remède pharmaceutique.

Pris à fortes doses, le paracétamol peut provoquer des lésions hépatiques graves, nécessitant une greffe ou pouvant devenir mortelles. En particulier, les analgésiques de ce type peuvent être à l’origine de complications rénales et d’infections graves. Ils sont aussi toxiques pour le fœtus s’ils sont administrés à partir du 6ème mois de grossesse. 

Le principe actif est normalement éliminé par le foie. Mais quand on en prend trop et que les capacités du foie sont saturées, le paracétamol devient toxique. Il peut alors causer des dommages irréversibles voire fatals. L’abus de paracétamol est devenu la principale cause de transplantation de foie. Le risque est suffisamment grave pour justifier l’application d’une mention systématique et importante sur l’emballage. En 2017, Naomi Musenga décède des suites d’une intoxication causée par une automédication prolongée de paracétamol.

82 spécialités pharmaceutiques concernées

La mesure touche 36 spécialités contenant du paracétamol et 46 autres contenant de l’ibuprofène ou de l’acide acétylsalicylique, seules ou en association.

Cette mesure concerne de nombreux médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan…) et d’autres à base d’ibuprofène (Nurofen, Advil…), en plus de l’aspirine. Ils sont parmi les médicaments les plus demandés en automédication pour combattre les douleurs. Ils font partie des remèdes pharmaceutiques les plus employés contre les symptômes de la grippe chez l’adulte et l’enfant. L’ANSM impose désormais l’obligation de demander conseil au vendeur avant de l’acheter. 

Les ventes de paracétamol en France augmentent de 53% en 10 ans. Ce succès tient en partie à la relative sécurité et à la bonne tolérance de cette substance. Cependant, comme le souligne le magazine français QueChoisir, les profils d’hépatotoxicité des médicaments à base de paracétamol sont de plus en plus fréquents.

surdosage égal danger
La mention « surdosage = danger » devra obligatoirement apparaître sur les boîtes des médicaments contenant du paracétamol.

Un nouvel étiquetage pour le paracétamol

Tous les médicaments contenant du paracétamol devront désormais porter un avertissement indiquant les dangers d’une surdose. C’est du moins ce qu’annonce l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en juillet 2019.

Les laboratoires en question ont neuf mois pour modifier l’étiquetage des boîtes de médicaments contenant du paracétamol. Ils doivent y inclure les messages d’alerte demandés par l’ANSM. Sur les boîtes contenant uniquement du paracétamol, un cadre en rouge devra porter les mentions :

  • « surdosage = danger »;
  • « Le dépassement de la dose peut détruire le foie »;
  • « Première cause de greffe du foie induite par un médicament »

Le message sera accompagné d’informations visant à réduire le risque de surdosage (et donc de dommages au foie) au dos du conteneur. Les fabricants devront fournir des informations telles que la dose maximale par jour, le délai entre deux prises, ainsi que la nécessité d’éviter de prendre un autre médicament contenant du paracétamol.  

Pour les médicaments contenant du paracétamol en association avec une autre substance active, l’ANSM exige des laboratoires qu’ils placent, également au recto, les mentions suivantes : « surdosage = danger » et « Ne prenez pas d’autre médicament contenant du paracétamol ».