Lors du premier confinement, de nombreux couples se sont retrouvés 24h sur 24 ensemble, sous le même toit.
Ce premier confinement a duré 8 semaines, dans des conditions pas toujours optimales pour les partenaires. Les logements qui au demeurant pouvaient convenir à beaucoup se sont bien souvent avérés trop étroits, avec tous les soucis liés à la promiscuité que cela a pu engendrer (impression de se marcher dessus, de ne voir que l’autre, impossibilité d’être vraiment seul, etc.).
Le confinement a donc provoqué un changement massif dans la dynamique de nombreux couples (qui trouvaient aussi leur équilibre dans les sorties de chacun, la vie à l’extérieur, etc.), ce qui de fait en a fragilisé plus d’un. Cette fragilisation a donc pu s’accentuer récemment lors du second confinement.
Sommaire
Le confinement : une adaptation pas toujours évidente pour le couple
Ce premier confinement a amené les couples à repenser la vie à deux, alors amputée de son aspect extérieur et social ; il a fallu réapprendre à vivre ensemble à temps plein, ce qui s’est avéré compliqué pour beaucoup.
A côté de cela, la situation sanitaire a grandement inquiété (et inquiète toujours) de nombreuses personnes, sans vraiment de possibilité par essence de décharger ces angoisses (par le sport, les sorties, etc.).
Les restrictions notamment sociales ont fait (et font encore …) que les tensions ressenties n’ont pas pu être relâchées. Le couple a pu alors devenir le terrain d’expression de ces émotions réprimées, et au fur et à mesure s’en trouver fragilisé.
L’irritabilité, les tensions et les conflits ont eu à terme des répercussions sur le bien-être psychologique des partenaires (alors cloîtrés à la maison, sans échappatoire possible) et de leur couple.
En effet, selon un sondage IFOP, le confinement a eu des répercussions négatives pour un couple sur dix (11% ont pensé prendre des distances, et 4% se séparer définitivement). De plus, une personne sur dix ne souhaiterait plus être confinée avec le même partenaire, 8% préférant même être seuls pour un éventuel reconfinement (que nous vivons donc actuellement).
Un équilibre parfois mis à mal
De nombreux couples ont longtemps trouvé leur équilibre en partageant leur quotidien entre vie professionnelle, moments entre amis et moment à deux, ce qui permettait de gérer plus ou moins efficacement les éventuels tensions, problèmes ou conflits existant entre eux.
Les confinements successifs ont rendu inaccessibles ces sas de décompression, et de nombreux conflits non réglés ont alors eu largement la place de refaire surface et d’éclater au sein du couple, alors obligé d’y faire face car confinés sous le même toit sans possibilité de s’évader.
Les inquiétudes liées à la situation sanitaire ont d’ailleurs largement contribué à l’éclatement de conflits, alors possibilité pour elles de s’exprimer malgré tout … Le couple s’est donc retrouvé pour beaucoup le support de l’expression de tensions qui à la base ne lui étaient pas forcément imputables …
Confinement et sexualité au sein du couple
Le sondage IFOP évoqué plus haut a également mis en évidence une chute significative de l’activité sexuelle des français (44% n’ayant pas eu de rapport sexuel durant le confinement) et de la satisfaction sexuelle en général, touchant certes les célibataires, mais également les couples confinés sous le même toit.
En effet, cette baisse de l’activité sexuelle est due au stress de la situation, ainsi qu’aux conditions de confinement (peu d’espace personnel, promiscuité accrue, présence constante du partenaire …). La promiscuité constante avec le/la conjoint(e) implique également une diminution des activités masturbatoires effectuées d’habitude en solitaire.
Par ailleurs, les conditions de vie imposées par le confinement ont créé un niveau d’anxiété, de stress, d’angoisse, de troubles du sommeil et de tensions générales au sein du foyer (réorganisation de la vie quotidienne, réadaptation, tâches ménagères, etc.) pouvant également avoir un impact sur la libido des français.
La proximité immédiate du partenaire n’accroît donc pas vraiment la fréquence de rapports sexuels, la promiscuité permanente étant particulièrement propice aux conflits conjugaux.
Enfin, comme disent de nombreux sexologues et thérapeutes de couple, le désir (sexuel) naît du manque (par le biais d’activité et de moment seuls, entre amis, sans son/sa partenaire) ; alors comment désirer l’autre, si l’on est confinés 24h/24 avec, sans possibilité de s’aérer l’esprit ?
Confinement et violences conjugales
Une autre conséquence grave du confinement (et donc sûrement du reconfinement) a été la nette augmentation des signalements de violence conjugale (rapport édité par la MIPROF du 29 juillet 2020).
On a noté un pic des appels au 3919 (numéro d’urgence destiné aux femmes victimes de violences) durant les deux mois du premier confinement, ainsi que des appels et messages à d’autres numéros ou plateformes dédiés.
Ce rapport a permis de considérer le confinement comme un révélateur et un facteur d’aggravation des violences conjugales, le travail à l’extérieur du domicile et les sorties (qui protégeaient alors indirectement les victimes) n’étant plus possibles durant cette période de restrictions.
On note enfin un nombre accru de signalements émis par des tiers (voisins, amis, famille), accompagné d’une augmentation des interventions à domicile par les forces de l’ordre.
Quid du reconfinement
Nous sommes donc reconfinés depuis maintenant quelques semaines. Dans quelle mesure ne pourrions-nous pas tirer des expériences du premier confinement, afin que celui-ci se passe du mieux possible ?
Qu’est ce qui a bien marché ? Au contraire, qu’est ce qui n’a pas fonctionné ? Qu’est ce qu’on peut mettre en place pour que ça se passe mieux (réaménagement de l’espace quand c’est possible, casque pour être tranquille, séparation dans certains cas, etc.) ?
Si le confinement a mis en évidence des soucis au sein du couple, pourquoi ne pas consulter ensemble afin de trouver des solutions ? Les thérapeutes peuvent continuer à exercer et la téléconsultation se développe de plus en plus.
Le cas des violences conjugales
Si le confinement a été le théâtre de violences à la maison, il faut autant que faire se peut essayer de se protéger. Voici donc ci-dessous quelques informations et numéros utiles :
- 3919 : numéro d’écoute nationale pour les femmes victimes de violences.
- 114: numéro destiné à la base aux sourds et malentendants, fonctionnant par SMS, et ouvert depuis avril 2020 aux personnes victimes de violences.
- Dispositif d’alerte en officine contre les violences conjugales : il est possible pour toute victime de se signaler en pharmacie, laquelle alertera immédiatement les forces de l’ordre.
De plus, depuis le mois d’août 2020, les pharmaciens ont la possibilité d’informer directement le Procureur de la République en cas de suspicion de violences conjugales (loi 2020-936 parue au Journal Officiel le 30 Juillet 2020). N’hésitez donc pas à aller les voir, ils ont normalement en boutique un affichage visible et prévu à cet effet que vous pouvez consulter.
En cabinet libéral depuis 2013, Marjorie accompagne les femmes sur le chemin d’une féminité et d’une sexualité épanouies. Elle est spécialisée dans la prise en charge des troubles sexuels féminins et du traumatisme psychique (traumas sexuels, inceste, abus, maltraitance, deuil, accident, maladie grave …). C’est un métier qui la passionne !
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