Qu’appelle-t-on sexomnie ?

La sexomnie est une pathologie rare et encore mal connue. Il s’agit d’une forme particulière de somnambulisme, qui touche en général la gente masculine (mais les femmes peuvent elles aussi être touchées).

Elle se caractérise par une brutale montée du désir sexuel durant le sommeil, et peut se manifester par des gémissements d’ordre sexuel, une séance de masturbation, voire parfois un coït, suivie d’une amnésie totale le lendemain au réveil.
Elle peut apparaître dans les trois stades du sommeil, à savoir la phase légère, la phase profonde et la phase paradoxale, mais se produit en général davantage en début de nuit.
La sexomnie diffère du somnambulisme par un réveil plus brutal et comporte des activités motrices réduites. Mais comme le somnambulisme, le malade dispose d’une forme de conscience onirique, ce que confirme l’imagerie médicale (une partie du cerveau est endormie, tandis que l’autre non).
Inconscient, ce passage à l’acte peut se révéler aphrodisiaque ou dramatique, selon la personne à côté de qui le sexomniaque se trouve la nuit …
Il ne s’agit en rien d’une perversion, les sexomniaques ont en général une sexualité épanouie. Il s’agit davantage d’une forme de trouble du sommeil. C’est particulièrement embarrassant pour les personnes qui en souffrent, c’est un sujet tabou qui fait qu’elles ne viennent pas toujours consulter. Enfin, elles mettent parfois du temps à réaliser qu’elles sont sexomniaques (le partenaire peut mettre du temps à s’en rendre compte et en parler, et dormir seul empêche durant longtemps la prise de conscience), ce qui explique également le fait que ce soit encore peu accompagné.

A quoi cela-est-il dû ?

On ne connaît pas encore la cause exacte de la sexomnie. Cela dit, les chercheurs ont remarqué que les sexomniaques étaient souvent somnambules à la base.
Selon certaines études, un comportement sexomniaque pourrait être lié à l’apnée du sommeil (qui engendre certains réveils parfois inconscients), un grand manque de sommeil, une consommation accrue d’alcool / de drogues, un état de stress important, ou encore un traumatisme émotionnel récent.

sexonomie

Comment savoir que l’on en est atteint ? Quels signes doivent alerter ?

Les gens ne savent pas toujours qu’ils sont sexomniaques ; parfois le / la partenaire ne remarque pas le comportement, ou celui-ci est trop peu fréquent pour que le couple s’interroge.
Cela dit, le sexomniaque ne se rappelant de rien, l’alerte par un tiers est donc le seul moyen de prendre connaissance du problème.

Comment reconnaître une sexomnie ?

Le comportement sexuel n’est pas le même que celui que présente le sexomniaque dans la réalité. Les mots utilisés peuvent être plus crus, les comportements parfois plus violents (il peut par exemple imposer une position sexuelle jamais expérimentée auparavant, parfois en usant de sa force), la personne peut également ne pas dire un mot, elle regarde fixement son / sa partenaire, ne montre aucun signe d’affection … Et surtout, elle ne se souvient de rien le lendemain !
Ce sont tous des éléments, ces différences quant au comportement sexuel habituel qui doivent alerter.
Afin de déterminer de manière certaine si une personne est sexomniaque, des expertises médicales en centres du sommeil doivent être effectuées (imagerie médicale, etc.)

Quel est le « profil » de la personne sexomniaque ?

Il n’y a pas de profil psychologique particulier pour développer une sexomnie. Cela dit, ce trouble survient notamment chez des personnes qui ont déjà des prédispositions génétiques de somnambulisme, des antécédents familiaux, et qui la plupart du temps ont été somnambules durant l’enfance.
La fréquence diffère selon les sujets : certains manifesteront le trouble toutes les nuits, d’autres de temps en temps seulement, d’autres enfin une seule fois dans leur vie …

Que faire si l’on est concerné ? Existe-t-il un traitement ?

Peu de personne consultent, par ignorance (elles ne savent pas qu’il s’agit d’un trouble du sommeil), par honte ou encore par peur de ne pas être crues ou d’être ridiculisées.
En cas de doute, il faut tout d’abord consulter en centre du sommeil, afin de pouvoir bénéficier d’analyses et de tests en vue d’un diagnostique clair.
La prise en charge se fait ensuite généralement sous forme de psycho-éducation : on va apprendre au patient à reconnaître les facteurs favorisant le passage à l’acte, pour les supprimer, et développer une hygiène de vie meilleure pour lui et sa santé.

La psycho-éducation va lui permettre en effet d’adopter quelques réflexes permettant la diminution des épisodes de sexomnies, voire leur disparition :

  • Repérer, analyser et, si possible, éradiquer les situations de stress ou tout autre facteurs favorisant les crises.
  • Pratiquer des exercices de relaxation et/ou méditation pour détendre le cerveau et le corps.
  • Éviter les excitants comme l’alcool, ainsi que les drogues.
  • Éviter la pratique d’exercices trop toniques en soirée, car ils excitent l’organisme.
  • Réguler le sommeil.

On peut également proposer au patient divers types de prise en charge, tels que la psychothérapie, des consultations chez un psychiatre, et dans certains cas particulièrement sévères la prise d’antidépresseurs.
La psychothérapie et la sexothérapie sont indiquées afin de travailler sur les répercussions du trouble sur l’estime de soi, le sentiment de honte et de culpabilité, la gestion du stress, la sexualité consciente (cette dernière est-elle réellement satisfaisante ? Comment l’adapter pour qu’elle le soit davantage et que les comportements sexuels nocturnes puissent progressivement s’apaiser ?), les traumas, etc.
Enfin, tant que le comportement n’est pas régulé, certaines précautions sont importantes à prendre, comme éviter de dormir près d’amis ou d’enfants, afin d’éviter les déconvenues ou les drames …

En conclusion

On sait encore peu de choses sur ce trouble du sommeil particulier. La gêne voire la
honte, ainsi que la difficulté de diagnostique, font que les patients mettent beaucoup de
temps avant d’aller consulter. Peu de recherches sont lancées pour en savoir davantage.
Le but de cet article est donc d’aider à sortir du tabou, de montrer que des solutions
existent pour apaiser les choses, et de rendre la consultation en centre de sommeil pour
ce type de pathologie plus légitime et plus facile.