Quand chacun amène dans le couple, dans sa vie amoureuse et intime des ressources et des freins sans le savoir. Quand l’amour et la sexualité ne s’harmonisent pas ou plus sans comprendre ce qui gène.
Les troubles de la vie amoureuse et sexuelle du couple sont multiples et surtout multifactoriels. Il est rare ou du moins peu fréquent d’avoir à « travailler » une source claire et précise de la problématique du couple voire d’une sexualité mal partagée.
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Et la vie intime déraille
Bien évidemment, mais cela n’altère pas tout de suite la vie amoureuse, des soucis de santé peuvent abîmer la dynamique sexuelle : maladies douloureuses ou invalidantes (dépression, diabète, cholestérol, cardiopathie, cancer, pathologies urologiques ou gynécologiques telle que l’endométriose…), suites opératoires sous anesthésie générale surtout du petit bassin, grossesse accouchement difficile, addictions (tabac, alcool, anxiolytiques…), déficiences créant une situation de handicap, accidents et traumatismes où l’on a peur de mourir, abus et violences sexuels…
La précarité socioprofessionnelle est de fait source de complication de la vie quotidienne qui met les partages tendres, sensuels et sexuels en arrière plan.
Ainsi que les pertes passées au deuil non abouti : décès, divorce, chômage, migration…
Et puis la question du genre et de l’homosexualité : quand ces deux positions de vie ne sont pas bien accueillies ou acceptées, elles aussi peuvent rendre l’accès au partage amoureux et sexuel compliqués.
Toutes ces situations identifiées plus ou moins facilement sont accompagnables en thérapie sexologique et/ou sexothérapeutique, souvent avec le partenariat du médecin référent. Pourtant chez de nombreux couples, soit on ne trouve pas directement ces troubles car ils sont bien réglés et rangés depuis longtemps ou bien sont-ils présents mais à « bas bruit », non suffisants pour créer le ou les difficultés. Les thérapeutes semblent ou sont impuissants et ce n’est pas une question de méthode ou de professionnel.
C’est une question d’héritage
Quels sont nos bagages ? Qu’est-ce que j’ai amené comme valises avec moi en faisant couple avec cet autre qui a lui-même ses propres sacs ?
Nous ne sommes pas forcément bien conscients (sauf à y avoir bien réfléchi, à l’avoir analysé et décodé) de nos défenses, de nos fantasmes, de notre imaginaire érotique, des traumatismes enkystés. Des valeurs, croyances, représentations inculquées par l’éducation familiale et/ou institutionnelle. Et encore moins des dettes, mandats et loyautés transmises par les filiations familiales.
Ceux de l’enfance
En effet, notre construction de petit enfant nous a amené à fabriquer en nous une sensibilité, des protections (surtout si maltraitances) et des fantasmes qui en grandissant se transforment en désirs ou freins à tester ou bien sont cachés (refoulés). Ce qui peut être vécu et partagé le sera et ce qu’on croit qui ne doit pas se faire ou se vivre sera occulté (cela ne veut pas dire totalement absent et invisible), tout cela grâce au modèle parental (ou de ceux qui ont ce rôle). Au fil des expériences de vie, notre construction initiale devrait pouvoir s’exprimer dans toute sa plénitude sauf que cela ne fonctionne pas toujours.
Ceux du système
Ensuite, nous baignons dans un univers socioculturel qui ne peut pas ne pas nous influencer. La culture dominante du lieu et de la période nous demande de vivre d’une certaine manière et de répondre aux besoins (et aux modes) de la société afin d’en recevoir le confort, le plaisir et la sécurité. Cette attente du système est-elle en adéquation avec mes valeurs ? Est-elle de la même manière bien calée avec celles de mon ou ma partenaire ? C’est rarement le cas et heureusement car c’est ce qui fait la diversité et la richesse de la population d’un pays. Sans cette multitudes de différences, nous serions uniquement telle une colonie de fourmis.
Ceux des anciens
Enfin, nos aïeux nous ont légués des missions. Cela est totalement inconscient et nous ne pouvons nous en rendre compte que dans l’étude fine de ce qui ne marche pas dans le couple justement. La vie amoureuse et sexuelle n’est pas le seul thème concerné par ces missions, il y en a de nombreux, mais c’est notre sujet premier.
La question peut aller jusqu’à interroger la difficulté à avoir un enfant alors que les deux sont féconds.
La répétition du type de rencontre : pourquoi je tombe toujours sur ce genre de personne ?
La perte de l’identité de femme ou d’homme après une maternité quand l’un ou l’autre ou les deux deviennent papa et maman…
Tous les troubles de la sexualité de l’homme comme de la femme non liés à un souci médical évidemment peuvent être liés à ces dettes, loyautés ou missions générationnelles.
Cela à partir du moment où l’on ne trouve pas dans la vie contemporaine de la personne matière à « travailler » le sujet pour le régler, le ranger ou le soigner. Ou bien si ça recommence, si ça réapparaît, c’est que nous sommes dans le champ d’un trouble générationnel. Je dirai même transgénérationnel.
La sexoanalyse en réponse
Le médecin, le psy, la sexologie comme la sexothérapie doivent pouvoir résoudre le trouble sexuel ou amoureux à court ou moyen terme. Et c’est souvent vrai en général. Mais s’il y a répétition ou s’ils n’y arrivent pas après plusieurs mois d’accompagnement, nous devons entrer dans le champ de la sexoanalyse. Voire d’une sexoanalyse transgénérationnelle si les soucis sont liés à des missions filiales.
Elle prend en charge les éléments plus obscures de la vie amoureuse et sexuelles, que sont les fantasmes, l’imaginaire érotique, l’histoire de vie et ses racines familiales, ainsi que les abus (violences sexuelles, incestes et climat incestuel). En thérapie de couple par exemple, je demande toujours dès le début des détails sur la vie intime et la généalogie de chacun. Il est important de rencontrer rapidement les digues intérieures qui freinent la circulation de la pulsion de vie.
Parce qu’il s’agit bien de liberté de jouir laissée à la pulsion de vie dans le respect de soi et de l’autre. Certains freins (protecteurs) pourront néanmoins être conservés s’il ne nuisent pas trop au couple et permettent de ne pas trop être dans l’effort. En effet, chacun va devoir ouvrir un espace de partage à la pulsion de vie sur le territoire amoureux, tendre, sensuel et sexuel.
Une démarche sexoanalytique est ainsi une autre manière d’aborder ce qui entrave la pleine jouissance harmonieuse de la vie amoureuse et sexuelle du couple. Plus impliquante sûrement mais plus épanouissante sur le moyen long terme de la vie du couple.
Thierry est sexoanalyste transgénérationnel, il’intègre à sa fonction de sexologue des dimensions humaines autres que celles rencontrées habituellement.
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