Troubles du désir : pourquoi et comment s’en sortir ?

On parle de trouble du désir, de baisse de libido, ou encore d’inhibition du désir sexuel. Il s’agit d’un des motifs principaux de consultation chez un sexothérapeute, en individuel comme en couple.

Qu’appelle-t-on trouble du désir ?

Un trouble du désir correspond à la diminution voire à l’absence d’envie d’avoir des activités sexuelles ou des pensées d’ordre sexuel. Cela peut aller du simple manque d’intérêt à l’aversion la plus totale. Cela met les personnes qui en sont atteintes dans une grande détresse psychique, et les couples en difficultés, lorsqu’un des partenaires en souffre.

On distingue plusieurs catégories de troubles du désir :

  • Il est primaire s’il existe depuis le début de la vie sexuelle.
  • Il est secondaire s’il est apparu à la suite d’une période de vie sexuelle satisfaisante ou en conséquence d’une autre dysfonction sexuelle (une anorgasmie ou un vaginisme par exemple peuvent à terme contribuer à la baisse du désir sexuel).
  • Il est global s’il concerne tous les aspects de la sexualité.
  • Il est sélectif s’il est présent en fonction du contexte, du partenaire, etc. (Par exemple, les fantasmes peuvent susciter du désir, mais pas le/la partenaire ; le désir ne peut survenir qu’à la maison, le soir, le weekend …).
  • Un trouble du désir peut amener à une insatisfaction sexuelle globale (moins de plaisir, baisse de la qualité des orgasmes…), ou exister à côté d’un fonctionnement sexuel adéquat (seule la « mise en route »est difficile).

Il est primordial de bien définir le trouble du désir dont le patient est atteint, car les causes, les répercutions et l’accompagnement vont être différents.

Les répercutions d’un trouble du désir 

Comme toutes les dysfonctions sexuelles, le trouble du désir peut amener à une baisse de l’estime de soi et de la confiance en soi, à un sentiment de dévalorisation, de ne pas être « normal », et peut constituer un vrai problème au sein du couple, à cause du décalage qu’il crée (l’un a envie et l’autre non, et ce fonctionnement, lorsqu’il devient fréquent, voire systématique, peut être à l’origine de conflits conjugaux très importants, voire de rupture).

Attention ! Dans la vie, avoir une baisse de libido de temps en temps est normal ! Le désir est tributaire de notre dose de stress, de notre bien-être psychologique, de notre état de santé, etc. Il ne faut donc pas s’inquiéter si cela arrive de manière temporaire, mais si en revanche vous constatez que cela dure depuis plusieurs mois sans que rien ne fasse évoluer les choses (les vacances, une baisse de la charge de travail, moins de stress…), il ne faut pas hésiter à solliciter l’avis d’un sexothérapeute.

couple qui se tient la main

A quoi peut être dû un trouble du désir ?

Les causes de ce trouble sont très nombreuses ; il est donc primordial de prendre le temps de les évaluer en consultation, au besoin sur plusieurs séances.

Causes biologiques et physiologiques :

  • Causes médicales : diabète, hypo ou hyperthyroïdie, hyperprolactinémie, épisode dépressif, stress …
  • Causes iatrogènes : prise de certaines pilules contraceptives, de psychotropes ou d’antihypertenseurs.
  • Causes chirurgicales : cancers de la sphère sexuelle et ses traitements, chirurgie sur le système hormonal, hystérectomie…
  • Causes hormonales : ménopause, pilule contraceptive, baisse du taux de testostérone chez les hommes…

Causes psychosexologiques :

Au niveau du couple, on remarque que les conflits apparemment sans rapport avec la sexualité se répercutent souvent dans l’intimité.

Par ailleurs, la routine (sexuelle et quotidienne), l’hyperinvestissement familial ou du travail, ou encore une éventuelle dysfonction sexuelle chez le ou la partenaire peuvent contribuer à l’émergence de ce trouble …

Au niveau individuel, on peut noter :

  • Le trouble du lâcher prise.
  • Une mauvaise image de soi et du corps, la présence de complexes qui rendent l’accès à la sexualité compliqué.
  • Une vie fantasmatique et un imaginaire érotique pauvres.
  • La méconnaissance de son corps, de celui du / de la partenaire, peu d’expérience sexuelle.
  • Une éducation très stricte, rendant la sexualité empreinte de gêne et de culpabilité, et muselant le désir.
  • Des représentations familiales limitantes de la sexualité, des tabous et interdits familiaux posés souvent depuis l’enfance.
  • Un trauma sexuel récent ou ancien.

Notons que les facteurs individuels peuvent accompagner les facteurs de couples.

Causes psychosociales :

  • L’hypersexualité d’aujourd’hui et l’injonction à jouir peuvent constituer une pression pour certaines personnes qui du coup refreinent leur désir par peur de mal faire.
  • L’hypersexualisation actuelle sous entend que tout semble permis, et la suppression de l’interdit peut aboutir à une baisse de libido, car celle-ci naît aussi du manque.
pilule contraceptive

Quelles prises en charge pour les troubles du désir ?

Prise en charge médicale :

  • En première intention, des analyses de sang sont nécessaires pour vérifier l’absence d’hypertension, de diabète, de trouble hormonal …
  • En cas de péri-ménopause, un suivi gynécologique (et naturopathique) est nécessaire(s) pour trouver le traitement qui convient le mieux à la patiente.

Prise en charge psychosexologique :

Individuellement, on va travailler sur plusieurs sphères :

  • Le lâcher prise .
  • L’environnement (quelles sont les sources de stress, les éléments énergivores du quotidien).
  • Le corps : exercices d’exploration des zones érogènes à la maison, exercices d’ancrage, etc.
  • Les croyances et représentations sur la sexualité vont être évoquées et discutées.
  • Un accompagnement des éventuels traumas est obligatoire si le / la patient(e) en présente.
  • On va par le biais d’exercices aider au développement de l’imaginaire érotique et du fantasme …

En couple :

  • On travaillera en séance la dynamique de couple, le positionnement symbolique de chacun, afin de retrouver un équilibre entre les partenaires.
  • On travaillera autour de la routine, de la séduction, de la gestion familiale, en proposant des exercices adaptés.
  • On pourra proposer des explorations corporelles en couple à affectuer à la maison, afin de diversifier les pratiques sexuelles et que les partenaires apprennent à se redécouvrir.
  • Le travail sur les fantasmes est également possible.

Les statégies sont donc nombreuses en sexologie et seront donc à évoquer en consultation avec le / la patient(e), afin d’adapter au mieux la prise en charge.

En conclusion, je dirais que les troubles du désir ne sont pas une fatalité ; et qu’on peut tout-à-fait retrouver une libido satisfaisante pour soi et son couple, à condition de ne pas attendre que les choses soient installées pour se faire accompagner.