Les résistances à la thérapie

Effectuer une thérapie quelle qu’elle soit est loin d’être facile. Comme dirait le psychanalyste Carl Gustav Jung : « Il n’y a aucun développement de la conscience sans douleur ». 

C’est pourquoi nous observons en tant que thérapeutes, de nombreuses résistances plus ou moins conscientes chez nos patients, les empêchant de mener à bien leur travail thérapeutique. Ces résistances peuvent créer des blocages dans la thérapie, voire parfois amener à son interruption brutale.

Elles peuvent se manifester par des phrases-types spécifiques, qu’on entend souvent en consultation. Il est alors important de les relever lorsqu’elles apparaissent, et d’aider le patient à élaborer autour, afin qu’elles puissent progressivement disparaître et qu’il puisse continuer à avancer. En voici quelques exemples (cette liste n’est pas exhaustive) :

Résistance #1 : Je n’ai pas le temps !

C’est un argument que j’entends souvent, relatif au mode de travail de nos sociétés occidentales (journées de travail de plus en plus longues ; porosité vie professionnelle-vie personnelle toujours plus importante) mais également aux surstimulations créées par la société en elle-même (temps passé sur le téléphone, activités et sorties toujours plus nombreuses …), qui rend de plus en plus difficile la disponibilité pour s’occuper de soi. 

Or, même si cet argument doit être entendu, il s’agit selon moi d’une résistance, car de nombreux thérapeutes adaptent leurs horaires (consultations en soirée, sur la pause déjeuner, le weekend), parfois même (et c’est mon cas en l’occurrence), consultent en ligne, ce qui permet une accessibilité aux soins encore plus importante. 

Il est donc de plus en plus facile de consulter, malgré un emploi du temps chargé, des activités, des enfants en bas-âge, et sans être obligé de poser des demi-journées (et c’est tant mieux) ! 

Il s’agit donc là davantage d’une question de priorité que d’une véritable question de temps ! Si vous souhaitez vraiment vous soigner, du temps, vous en trouverez !

une experte avec un homme en thérapie en train d'échanger

Résistance #2 : Je n’ai pas les moyens !

C’est je crois l’argument qui ressort le plus. Je comprends parfaitement cet aspect financier, dans la mesure où une consultation chez un sexothérapeute n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale. 

Or, une thérapie, ça a un prix ! Il s’agit d’un investissement en temps, en énergie mais également en terme d’argent ; autrement dit, cela doit vous coûter (symboliquement et au niveau du porte monnaie) si vous voulez que cela fonctionne vraiment !

Après, en dehors de ces considérations symboliques, certaines mutuelles proposent un remboursement partiel (je vous invite à vous renseigner sur les prestations proposées par la vôtre!), et certains thérapeutes peuvent adapter leurs tarifs ou la fréquence de vos séances, afin que vous puissiez poursuivre votre travail thérapeutique sans que cela vous mette en difficulté ou vous stresse (ce qui serait contre-productif, évidemment). 

Par ailleurs, il est souvent possible de trouver cet argent, en demandant autour de soi, en revoyant ses dépenses et ses priorités, en sortant un peu moins que d’habitude, etc.  Quand on souhaite vraiment se soigner, les moyens, la plupart du temps, on arrive à les trouver ! Tout est en effet une question de priorité … 

Résistance #3 : ça fait doublon avec la kiné / la sophrologie / l’hypnose etc. 

Les autres disciplines, aussi intéressantes et efficaces puissent-elles être, ne se substituent en rien à la sexothérapie, et inversement d’ailleurs. Si on vous propose un accompagnement pluridisciplinaire, ce n’est ni redondant, ni pour vous ennuyer, mais parce que votre problématique doit être travaillée sur plusieurs dimensions afin que la prise en charge soit pleinement efficiente.

Donc non, parler avec votre kinésithérapeute durant votre séance ne s’apparente en rien à une séance de psychothérapie, et le penser constitue une résistance à la thérapie en tant que telle, ainsi qu’un évitement.

Enfin, chacun sa formation ! Autrement dit, rien de telle qu’une sage-femme pour vous expliquer le fonctionnement du périnée, et d’une sexothérapeute pour vous parler de désir, de plaisir et de sexualité !

Toutes ces disciplines sont uniques, et complémentaires. 

une femme tenant un carnet de note

Résistance #4 : Je ne peux pas venir, j’ai une réunion de dernière minute / ma baby-sitter m’a lâchée / je suis aphone, etc.

C’est un peu plus difficile à comprendre pour les patients qui ne font pas le lien entre leurs résistances inconscientes et ce qui se joue dans leur vie quotidienne. Or il est important de comprendre un concept très simple : tout ce qui se joue à l’intérieur de soi se manifeste à l’extérieur de soi. Autrement dit, le quotidien va agir comme un miroir nous permettant de comprendre ce qui se joue psychiquement pour nous. Dans cette perspective-là, une réunion imposée en dernière minute par son chef peut être interprétée comme la matérialisation d’une résistance inconsciente à la thérapie. Vous remarquerez d’ailleurs que ce type de résistance se manifeste comme par hasard systématiquement lorsque vous arrivez à un moment charnière de votre travail thérapeutique … 

Une fois qu’on prend conscience de cela, que faire ?

Il ne s’agit pas forcément de forcer vos résistances ou d’aller contre elles !

C’est souvent votre thérapeute qui abordera le sujet avec vous au départ (dans la mesure où vous n’en avez pas conscience). Il s’agira alors dans un premier temps de voir si cela vous parle (dans l’immense majorité des cas, oui, même si ce n’est pas évident à admettre au départ), d’y réfléchir ensemble, d’élaborer autour de cela, de voir à quelles peurs, quelles représentations, quelles émotions, et quelles problématiques elles peuvent être liées, etc. 

Cette mise en conscience et cette élaboration psychique vous permettra de  reconnaître ces résistances lorsqu’elles se manifestent par la suite, de les questionner, de les assouplir, puis d’assister à leur disparition progressive. Et tout ça évidemment vous aidera à avancer dans votre thérapie !

Car ces résistances, lorsqu’elles sont conscientisées, constituent en réalité un merveilleux levier thérapeutique (même si au départ elles vous apparaissent comme des freins)  !

Conclusion

Voici donc les résistances les plus courantes que j’ai pu entendre dans le cadre de mon exercice libéral. Évidemment il en existe d’autres ! En tous les cas, lorsque vous constatez que vous n’avancez plus dans votre travail thérapeutique, demandez-vous si ce n’est pas de cela dont il s’agit !