Le consentement dans la sexualité

Depuis quelques années, et notamment depuis la vague #metoo, on entend de plus en plus parler de la notion de consentement. C’est une très bonne chose, évidemment, mais qu’entend-on par là, qu’est ce que ça implique exactement, et comment l’intégrer dans sa sexualité ?

Définition 

Le consentement sexuel est défini comme l’accord que les personnes se donnent entre elles pour qu’une activité sexuelle puisse avoir lieu. Il permet de créer un cadre sécure et confortable pour tout le monde, au sein duquel chacun est écouté, et où la parole de chaque partenaire est entendue et respectée. Le consentement revient donc à la légitimité de poser ses limites, et de les voir respectées. Il renvoie également à notre capacité à écouter l’autre et à s’adapter. Il s’agit donc finalement d’un préalable à toute activité sexuelle, et il doit d’ailleurs être renouvelé régulièrement afin que chacun passe un bon moment.

Rappels légaux, consentement dans la sexualité, représentations collectives du viol 

La notion de consentement ne figure pas directement dans le code pénal (ce qui est fort dommageable d’ailleurs), mais la définition légale de l’agression sexuelle et du viol y font indirectement référence :

Article 222-22 du code pénal : constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.

Article 222-23 : tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commise sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.

Le consentement doit donc être recueilli avant chaque activité sexuelle, sans menace, sans contrainte, sans violence. Il exclut également par essence la notion de surprise, puisque les partenaires évoquent alors en amont leurs désirs et envies en matière de sexualité.

Notons que les représentations collectives du viol et de l’agression sexuelle n’ont pas grand chose à voir avec la réalité. On s’imagine ces derniers comme une agression commise par un illustre inconnu, sur une femme par un homme, dans une ruelle sombre, tard le soir, etc.

Or il n’en est rien : les hommes peuvent également être victimes de viol (même si c’est beaucoup plus rare), un viol peut avoir lieu à n’importe quel moment de la journée, et surtout, dans l’immense majorité des cas, il est perpétré par une personne de son entourage (la notion de viol conjugal est assez récente et en constitue l’exemple le plus flagrant).

Un viol ou une agression sexuelle peut donc survenir dans le cadre d’une relation sexuelle au départ consentie, et avec son partenaire régulier. C’est ce qui fait d’ailleurs que de nombreuses victimes mettent du temps avant de se rendre compte qu’elles en ont subi (« Mais au départ j’étais d’accord », « Oui mais c’est mon partenaire, alors ça se fait, non ? », « C’était pour lui faire plaisir, mais j’avais pas trop envie », « Il m’a prise par surprise mais je me suis dit que c’était pas grave, après tout on est ensemble, c’est ce que les couples font », etc.).

Alors que, légalement, si pénétration il y a, sans accord formulé clairement à la base, sous la surprise, la contrainte (physique ou psychique), la violence (physique ou psychologique là aussi), ou bien la menace (d’être quitté(e), etc.), il s’agit bel et bien d’un viol.

On peut donc raisonnablement penser que la proportion de viol (et d’agression sexuelle) est largement sous estimée car de nombreuses personnes n’ont malheureusement pas conscience (par déni, méconnaissance de la loi, etc.) d’en avoir été victime dans leur vie … D’où l’utilité de sensibiliser et d’informer sur la question !

importance du consentement

Implications dans la relation 

La notion de consentement implique donc de prendre en compte l’autre, ses envies, ses freins, ses limites, son confort, de les respecter entièrement, et ce même si cela implique de stopper l’activité sexuelle en plein milieu.

Cela implique également de gérer tranquillement la frustration que peut provoquer un refus, sans le faire payer à son ou sa partenaire (par un conflit, du chantage, de la mauvaise humeur, de la colère, etc.), qui a parfaitement le droit de dire non.

Quelques règles fondamentales

  • Le consentement ne se négocie pas, il se donne, point final, de manière libre, éclairée, sans pression, chantage ou manipulation quelle qu’elle soit.
  • Le consentement doit être demandé lors de chaque pratique sexuelle. En effet, ce n’est pas parce que vous avez consenti à une première pratique que vous consentez à tout ce qui va suivre.
  • Un consentement peut être retiré à tout moment sans que cela pose problème.
  • Si le OUI n’est pas franc, massif et clair, c’est qu’il n’y a pas de réel consentement ; c’est donc un NON. Une absence de réponse, une hésitation doivent être interprétées comme des NON et respectées comme telles.
  • Un consentement sexuel extorqué sous la contrainte, la menace, le chantage affectif, le jugement, la dévalorisation, la négociation, n’est PAS un consentement libre et éclairé.

Dans quels cas le consentement ne peut être obtenu 

Quand l’un des partenaires est sous l’emprise d’alcool ou de toxiques, son état psychologique et physique est altéré ; il n’est donc pas en mesure de donner un consentement libre et éclairé. L’activité sexuelle doit donc s’arrêter, et ce jusqu’à ce que chacun soit suffisamment lucide pour reprendre, après bien sûr s’être assuré de l’accord mutuel.

Lorsqu’un des partenaires est inconscient (sommeil, alcoolisation massive, prise de toxique), il n’est pas en état de décider quoi que ce soit. Un rapport sexuel avec pénétration avec une personne endormie ou inconsciente car trop alcoolisée ou autre est considéré comme un viol, puisque son accord préalable n’a pas pu être obtenu.

Comment on fait concrètement ?

On demande à l’autre la permission, à chaque nouvelle activité sexuelle, changement de pratique, de position etc.  ! Par exemple : « Est ce que tu es d’accord si je fais ça ? », « Est ce que je peux me permettre de… », « Est ce que tu voudrais bien… », etc.

Cela implique effectivement de parler davantage, ce qui peut en gêner voire en rebuter plus d’un(e), mais c’est absolument nécessaire pour que tout le monde soit sûr de passer un bon moment, dans la sécurité, l’écoute et le confort, et ça c’est de loin le plus important !

On communique, verbalement, à chaque étape de la relation sexuelle, pour voir si on est tous sur la même longueur d’onde, de manière claire, en posant des questions courtes, simples, auxquelles on peut facilement répondre par oui ou par non. Et si c’est non, tant pis !

On gère sa frustration ! La relation sexuelle se fait à deux, on n’est pas là pour obtenir du plaisir au détriment de l’autre, sinon ce n’est plus une relation. On gère donc sa frustration en adulte !