Ce que j’appelle l’animalité est cette dimension instinctive, primitive, archaïque, présente en chaque être humain.
Elle se manifeste dans différentes situations, comme par exemple lorsque notre sécurité est en péril (elle se rapprocherait alors de l’instinct de survie, de conservation), dans les moments où notre cœur explose littéralement (Cette colère qui pourrait tout détruire sur son passage, ou encore cet amour incommensurable mêlé à cet immense instinct de protection lorsque nous posons les yeux pour la première fois sur notre nouveau-né), mais également dans le cadre de la sexualité.
Elle fait donc intervenir majoritairement notre cerveau reptilien, au détriment du néo-cortex (la partie du cerveau qui nous permet d’organiser, de planifier, de réfléchir) que nous, humains, chérissons tant. On est dans le brut, le non conditionné sociétalement, le pulsionnel dans sa dimension la plus crue et la moins politiquement correcte.
Sommaire
L’animalité dans la sexualité
Dans la sexualité au sens large, on retrouve cette animalité dans les rêves érotiques, dans les fantasmes, dans les brusques montées de désir qui imposent d’être assouvies de suite, dans les pulsions qui nous poussent à faire certaines choses qu’on n’aurait jamais imaginées faire, et qui nous gênerait presque lorsqu’on y repense après-coup, ou encore dans les envies qui nous prennent d’un coup mais qu’on refrène de suite parce que trop crues et trop difficiles à assumer par la suite…
Les peurs associées à l’animalité
L’animalité, ça fait peur. Parce qu’on est complètement hors du mental, parce qu’elle n’est soumise à aucune règle, aucun conditionnement sociétal, parce qu’elle est parfois hors limites, du moins de notre raison et notre intellect, parce qu’elle fait fi des codes sociaux, de la morale, de la bienséance et de la tenue, et parce qu’elle est uniquement liée à l’ici et maintenant et au principe de plaisir.
Cette dimension de l’humain est donc considérée comme incontrôlable, honteuse, indomptable, gênante, dangereuse, et pour ces raisons, la société (par le biais de sa morale, ses règles instituées et de certaines religions) a largement contribué à ce qu’elle reste reléguée au fond de l’être, là où on ne vient jamais regarder.
La quête d’acceptation et d’épanouissement
Nombreuses sont mes patientes qui évoquent en entretien cette dimension d’elles-mêmes. Les mêmes peurs reviennent souvent : la peur de l’inconnu, de ne pas pouvoir la retenir, que cette partie de soi sauvage prenne le contrôle et détruise tout sur son passage (leur réputation, leur image, leur estime de soi, leur confiance en soi et en leur self control), de ne pas pouvoir revenir en arrière, de devenir folles, d’être jugée par l’autre (et surtout par elles-mêmes), etc.
Tout cela fait qu’elles ont du mal à contacter leur animalité, à l’assumer, à l’accepter comme faisant réellement partie d’elles-mêmes. Elles aimeraient souvent l’effacer, du moins la réprimer, afin d’adhérer au système sociétal en place, et éviter le jugement des autres (surtout le leur en réalité). Et en même temps, et c’est là l’ambivalence fondamentale de l’être humain, elles sont en quête de lâcher prise, de liberté et d’épanouissement sexuel …
La puissance de l’animalité
L’animalité fait partie de nous, au même titre que la raison ou les émotions. C’est une énergie de vie, un jaillissement du plus profond de soi, qui nous rend pleinement vivant.
C’est notre instinct de survie qui nous protège, nous sécurise et nous rassure. C’est la part de nous, la petite lumière, qui nous pousse à continuer, avancer toujours, même quand c’est difficile.
C’est aussi l’instinct de reproduction, car que l’on veuille ou non un enfant (la question n’est pas là), la survie de l’espèce est une dimension qui habite chaque être humain, de manière ontologique, même si c’est inconscient et même si consciemment, on ne veut pas fonder de famille (chacun fait ensuite ce qu’il veut de cet instinct, évidemment!).
Accepter et exploiter son animalité
La renier, c’est nier une partie de soi aussi fondamentale que les autres. C’est nier son statut d’être humain dans son entièreté. C’est tourner le dos à la puissance de cette pulsion de vie.
Il est donc fondamental de contacter cette partie-là de soi-même, et de l’accepter pour ce qu’elle est. Travailler sur nos représentations et nos peurs la concernant est indispensable pour l’accepter et lui laisser la place qui lui revient. De plus, on sait bien que plus on réprime une dimension de soi, plus elle devient incontrôlable …
Et qu’est ce que cela vous apporterait dans la sexualité, me direz-vous ?
Déjà, il est important de se faire confiance et de bien comprendre que la nature est bien faite et que dans la dynamique de survie dans laquelle elle se situe fondamentalement, elle ne va jamais au-delà des limites de ce que l’on peut supporter et accueillir.
Deuxième chose, il peut être rassurant pour les personnes qui ont peur de cette dimension d’elles-même, de comprendre que l’animalité ne va pas tout d’un coup prendre toute la place sitôt qu’on la laisse émerger, mais que s’exprimer dans la joie d’un cadre contenant (ici la sexualité, mais ça pourrait être autre chose, et bien évidemment dans le respect de l’intégrité physique et psychique de l’autre) lui suffira amplement.
En clair, vous pouvez tout-à-fait laisser rugir la lionne qui repose en vous dans la chambre, puis remettre votre tailleur classique pour aller travailler brillamment ensuite ! En bref, en fait, tout se passera très bien, et vous ne perdrez en rien le contrôle de votre vie !
Enfin, contacter son animalité dans le cadre de la sexualité, c’est s’autoriser à laisser parler son instinct, c’est laisser le mental de côté pour revenir dans le corps, c’est vivre ses sensations dans l’instant, c’est sortir de l’attente et des diktats sociétaux, c’est être libre d’éprouver tout le plaisir que notre corps peut nous offrir, c’est se donner la possibilité d’essayer des choses ; en somme, c’est lâcher prise !
Accepter son animalité est donc l’une des clés pour une sexualité épanouie.
Faire appel à la sexothérapie
Après, je comprends bien la difficultés pour certaines personnes de contacter cet aspect de soi, et c’est quelque chose dont on peut s’occuper en sexothérapie, donc n’hésitez pas à contacter un professionnel pour en parler si besoin !
En cabinet libéral depuis 2013, Marjorie accompagne les femmes sur le chemin d’une féminité et d’une sexualité épanouies. Elle est spécialisée dans la prise en charge des troubles sexuels féminins et du traumatisme psychique (traumas sexuels, inceste, abus, maltraitance, deuil, accident, maladie grave …). C’est un métier qui la passionne !
Découvrir plus d’informations sur l’expertise de Marjorie Cambier.