Vulvodynies : l’importance d’une prise en charge sans douleur

Rappels et définitions des vulvodynies 

Les vulvodynies sont des douleurs vulvaires chroniques sans cause organique identifiable (pas d’infection, de mycose etc.), survenant depuis plus de 3 mois, et résultant d’un dysfonctionnement du système de modulation de la douleur dans le cerveau (un article complet sur ce trouble écrit par moi-même figure sur ce site).

Il en existe différents types ; la vestibulodynie en est le plus fréquent (douleur au niveau du vestibule vulvaire) ; et les douleurs peuvent être spontanées ou provoquées. 

Ces douleurs affectent grandement la qualité de vie des patientes (vie sexuelle, vie professionnelle, etc.), leur détresse est grande, et malheureusement, l’errance diagnostique est longue car les professionnels sont encore assez mal formés pour la détecter. 

Certaines femmes souffrent donc plusieurs années avant qu’un accompagnement adapté soit mis en place. 

Le cercle vicieux de la douleur 

Les patientes ont mal, dans leurs rapports intimes notamment, et parfois même dans leur vie quotidienne. 

Elles ont mal donc elles se tendent ; et lorsqu’elles ne souffrent pas, elles appréhendent la survenue des prochaines douleurs. 

Or plus elles se tendent et plus elles anticipent négativement la prochaine douleur, plus celle-ci est forte lorsqu’elle survient, ce qui amène donc à davantage de contractions et davantage de peur.

Se crée alors un cercle vicieux dont il est très difficile de sortir seule. 

L’importance d’une prise en charge et sans douleur

La prise en charge de la vulvodynie pour être efficace doit être pluridisciplinaire : elle comprendra une rééducation périnéale par une kiné ou une sage-femme, une sexothérapie/psychothérapie, ainsi que des traitements médicamenteux spécifiques. 

Il est important que tout cela s’effectue avec LE MOINS DE DOULEUR POSSIBLE, afin de pouvoir casser le cercle vicieux, travailler sur l’anticipation anxieuse, le stress, adapter la sexualité, etc. 

photo en niveaux de gris d'une personne allongée sur un lit

Comment faire concrètement ?

Rééducation périnéale : les massages effectués par la kiné/sage-femme, les automassages ou encore les exercices avec les dilatateurs vaginaux  doivent être effectués en ayant préalablement anesthésié localement la zone (anesthésique local en gel prescrit par un gynécologue ou une SF).

Dans le cas où la patiente ne souhaite pas être anesthésiée, on fait en sorte de travailler exclusivement sous le seuil de douleur. 

En cas de douleur, il faudra masser moins fort, moins appuyé, repasser au dilatateur de taille inférieure, arrêter le massage si c’est trop douloureux etc. 

L’anesthésique locale ne soigne pas la douleur mais est très utile car il permet au cerveau d’enregistrer des informations positives de non douleur au niveau périnéal, donc au corps de se détendre, ce qui permet à ce dernier de se régénérer (le corps se régénère dans la détente et non dans la tension et le stress).

  • Psychothérapie : on travaille sur la peur, l’anticipation anxieuse et on œuvre pour casser le cercle vicieux. On travaille également le renforcement positif quand des expériences de non douleur sont vécues. On apprend aux patientes des techniques de respiration et de gestion du stress.
    S’occuper des traumatismes s’il y en a permet indirectement d’agir sur les contractions et tensions réflexes du corps, sur l’hypervigilance etc. 
  • Sexothérapie : on adapte la sexualité pour qu’elle soit sans douleur aucune, quitte à éliminer un temps certaines pratiques. Cela permet au corps de se détendre et à la patiente de retrouver de l’apaisement dans l’intimité, ainsi que de la joie et du plaisir. Les pratiques sont réintégrées petit à petit, au fur et à mesure de l’avancée de la prise en charge notamment corporelle. On peut aussi passer par une phase d’anesthésie locale avant la pénétration.
  • Prise en charge médicamenteuse : on a évoqué ci-dessus l’utilité du gel anesthésiant avant les exercices de rééducation ou la pénétration ;  certains anti-dépresseurs  qui agissent en inhibant la réponse neurologique  (ce qui a des effets positifs sur les ressentis douloureux) peuvent également être prescrits. Je reste assez mitigée quant à cette indication à cause des effets secondaires des anti-dépresseurs  (baisse de libido, diminution des sensations sexuelles et de la qualité des orgasmes, etc.). Les psychotropes ne devraient à mon sens n’être prescrits qu’en cas de vulvodynie spontanée très forte, dont l’impact sur la qualité de vie et l’humeur est vraiment important.

Que faire en plus dans sa vie quotidienne ?

En dehors de la prise en charge en elle-même, certaines mesures simples peuvent être prises et contribuent également largement à la diminution des douleurs : 

  • Porter des sous-vêtements en coton et bannir strings, dentelle, jeans serrés, leggings … 
  • Choisir des cosmétiques, lessives et savons naturels (sans alcool, sans parabènes, sans parfum etc.
  • Eviter les lingettes intimes et le papier toilette parfumé
  • Privilégier les culottes menstruelles plutôt que les serviettes hygiéniques en papier
  • Laver sa vulve à l’eau et éviter les douches vaginales
  • Hydrater sa vulve tous les jours avec des produits naturels adaptés
  • Prendre des probiotiques et/ou des antifongiques en cas de déséquilibre de la flore, démangeaisons, mycoses etc (plutôt oraux et non locaux pour éviter la sur sollicitation de la zone vulvaire)
  • Manger anti-inflammatoire (la vulvodynie est un phénomène inflammatoire et l’alimentation joue un rôle dans la qualité des muqueuses).
  • Faire du sport et des étirements du périnée 
  • Faire des bains de siège relaxants
  • Essayer de limiter un maximum les agents stressants dans sa vie ; adapter son travail et sa vie personnelle pour vivre le moins de stress possible 
  • Eviter la station assise prolongée ; travailler sur une swiss ball et pas un siège rigide si travail assis 
  • Dormir sans sous-vêtement pour laisser la vulve respirer 
  • Ne pas se retenir d’aller uriner et éviter les pipi de sécurité
  • Veiller à avoir un transit normal ; aller à la selle tous les jours et éviter la constipation

En conclusion, la vulvodynie n’est pas une fatalité ; mais l’accompagnement ne doit pas se limiter à ce qu’on fait chez les professionnels de santé : l’adaptation de l’hygiène de vie fait partie intégrante de la prise en charge ; et c’est bien l’hygiène de vie adaptée qui permettra la pérennité de ce qui a été mis en place lors des séances !