Zoom sur le lichen scléreux vulvaire

Définition, symptômes et prévalence 

Le lichen scléreux vulvaire est une dermatose, c’est-à-dire une inflammation chronique bénigne de la peau et / ou de la muqueuse de la vulve qui va progressivement entraîner sa modification si elle n’est pas prise en charge. 

Il peut toucher différentes parties de la vulve (entrée du vagin, lèvres internes, clitoris …), mais également parfois les régions périnéales et périanales.

Il survient en général chez les femmes entre 50 et 60 ans, et chez les jeunes filles avant la puberté, mais peut également toucher les jeunes adultes. Il toucherait en moyenne 1 femme sur 1000 (ce qui n’est pas rien!). 

La plupart du temps, le lichen est asymptomatique, et les symptômes décrits par les patientes sont en général les suivants :

  • Fortes démangeaisons
  • Irritations
  • Tâches sur la peau
  • Douleurs
  • Saignements car la patiente se gratte
  • Fissures douloureuses, favorisées par les rapports sexuels, qui saignent, etc.
  • Rougeurs, ampoules
  • Difficultés à uriner
  • Hyperesthésie clitoridienne (augmentation des sensations qui se transforment alors en douleur).
une femme allongée sur son lit avec des douleurs

Lorsqu’il n’est pas pris en charge, on remarque alors une modification progressive de la muqueuse vulvaire : elle devient plus fragile, plus pâle, d’apparence parfois nacrée, scléreuse, parfois plus épaisse ; les lèvres internes peuvent fusionner avec les lèvres externes, et l’entrée du vagin peut rétrécir. 

Causes du lichen scléreux vulvaire

On connaît encore peu cette pathologie cutanée ; néanmoins, les âges auxquels on la retrouve (globalement avant la puberté et après la ménopause) permettent d’émettre l’hypothèse d’une cause hormonale. 

Le lichen scléreux vulvaire n’est pas une IST, n’est pas favorisée par les IST, n’est pas contagieux, n’est pas dû à une infection ou à un manque d’hygiène, et dans la grande majorité des cas, n’est pas cancéreux. 

Diagnostic et diagnostics différentiels

Le diagnostic est posé par un professionnel de santé formé à ce type de pathologies (dermatologue vulvaire ou gynécologue), lors d’un examen clinique. 

Si un doute persiste quant à la présence éventuelle d’un lichen, une biopsie peut être effectuée.

Attention, le lichen scléreux vulvaire peut être confondu avec une vulvodynie !

En effet, la vulvodynie est un ensemble de douleurs à la vulve (démangeaisons, irritations, sensations de peau à vif, de blessure, etc.) sans cause organique, et le lichen peut provoquer ce type de sensations dans la forme asymptomatique ! Il ne faut donc pas hésiter à demander un second avis, et à consulter des médecins spécialisés !

Répercussions diverses du lichen scléreux vulvaire 

Les impacts de cette pathologie dermatologique sont énormes, et touchent les femmes sur de nombreux domaines :

  • Impact esthétique en cas de lichen qui se voit à l’œil nu. Les femmes qui en sont atteintes peuvent alors éprouver un sentiment de honte quant à leurs parties intimes. Leur estime de soi et leur confiance en elles diminuent à un moment donné incontestablement.
  • Impact quotidien : ces femmes sont obligées d’adapter leurs sous-vêtements, leur garde robe pour être moins douloureuses, d’éviter la station assise prolongée (donc le travail peut lui aussi être indirectement impacté), d’éviter les frottements, arrêter/changer de sport, etc. …
  • Impact sur le taux de stress global et l’anxiété, sachant que plus l’organisme est stressé, plus il s’enflamme, et le lichen est une pathologie inflammatoire. C’est donc le serpent qui se mord la queue.
  • Impact sur les cognitions (pensées) : hyperfocalisation sur la pathologie, recherche permanente de solutions, ruminations incessantes …
  • Impact sur l’humeur : baisse de moral, auto-dévalorisation, troubles du sommeil, impression de ne jamais arriver à s’en sortir, irritabilité et pleurs, difficultés à supporter la douleur …
  • Impact majeur sur la sexualité : douleurs lors de certaines caresses et de la pénétration, évitement des pratiques orales (on rejoint ici le sentiment de honte), évitement global de l’intimité, baisse de la libido, difficultés conjugales, conflits …
femme assise sur son lit avec des douleurs dans le bas du ventre

Prise en charge et accompagnements possibles 

Cette pathologie dermatologique est encore peu connue, et on ne guérit pas encore du lichen scléreux vulvaire.

Traitements dermatologiques : les traitements proposés aujourd’hui permettent de diminuer les démangeaisons et d’empêcher les modifications d’aspect de la vulve : en effet, les dermocorticoïdes en traitement local et prolongé permettent de contrôler cette inflammation, et de faire en sorte de stopper son évolution.

Les patientes doivent en l’occurrence être suivies par des spécialistes de cette pathologie de manière prolongée et régulière. La grande majorité des femmes traitées et surveillées mènent une vie normale. 

Kinésithérapie : la tecarthérapie est une technique de kinésithérapie qui utilise des ondes radio pour traiter les tissus endommagés. C’est une technique indolore et non invasive qui aurait de bons résultats dans le traitement du lichen scléreux vulvaire, en plus des traitements médicamenteux.

Accompagnements en médecine alternative : dans la mesure où il s’agit d’une pathologie inflammatoire, dans quelle mesure travailler sur l’inflammation du corps, ne serait pas efficace ? Je pense notamment ici à la naturopathie qui, dans le cadre d’une alimentation anti-inflammatoire, propose de travailler sur le terrain de manière plus globale, et pas sur les symptômes en tant que tels. Cela viendrait en complément des traitements allopathiques classiques. Notons d’ailleurs que l’alimentation anti-inflammatoire a des effets très positifs sur d’autres pathologies inflammatoires, telles que l’endométriose, l’arthrite, l’acné, les tendinites, etc. … Ceci n’est qu’une hypothèse bien sûr, et l’alimentation anti-inflammatoire est de toute façon bien meilleure pour la santé que ce que beaucoup consomment, donc en soi, cela ne pourrait pas faire de mal !

Sexothérapie et psychothérapie : un accompagnement en sexothérapie s’avérerait très utile, pour que la patiente apprend à adapter sa sexualité en fonction de ses symptômes, découvre d’autres types de sexualité (non pénétrative, etc.), d’autres pratiques (slow sex, etc.), et puisse travailler sur son estime de soi, sa confiance en soi, son sentiment de féminité souvent altéré dans ce type de pathologies, et pour qu’un dialogue constructif puisse s’instaurer entre les partenaire pour retrouver progressivement une intimité (sécurité, bienveillance, douceur, câlins …).

Enfin, la psychothérapie peut s’avérer utile en cas de dépression réactionnelle, ou simplement pour bénéficier d’un espace safe dans lequel s’exprimer.